Danse : Maguy Marin
Photo Maguy

Maguy Marin © D-Grappe

 

Chorégraphe incontournable de la danse contemporaine et metteuse en scène d’envergure internationale, Maguy Marin présente à Créteil une pièce engagée dénonçant la société de consommation et une politique tournée vers le profit.

 

Comment fait-on pour tenir encore debout en 2017 ? C’est, en somme, la question que pose Maguy Marin dans sa dernière création, Deux mille dix-sept. Sur scène, dix danseurs, fidèles de la compagnie et nouveaux venus, évoluent autour de stèles qui portent des prénoms ou des noms de pays. “Cela évoque tous ceux qui sont minoritaires, ceux qui sont majoritaires mais oubliés, les individus et les pays qui ont subi de plein fouet le néo-libéralisme des politiques qui sont pratiquées, le monde de l’argent…”, confie la chorégraphe. 2017, c’est aussi cent ans après la révolution russe. “Que s’est-il passé pendant ce XXe siècle ? interroge-t-elle. Beaucoup de luttes sociales, beaucoup de morts, mais aussi beaucoup d’avancées grâce à ces luttes sociales qui sont, depuis quarante ans, en train d’être complètement détruites. Quelque chose est en marche, une sorte de régression, de retour en arrière, qui fait que l’écho de 1917 résonne aujourd’hui.”

 

Celle qui fit ses armes auprès de Maurice Béjart avant de se lancer dans la chorégraphie ne cesse de déplacer les frontières de son œuvre, cherchant, à chaque création, de nouvelles formes pour creuser les mêmes questionnements. Avec un style à la fois expérimental et radical, l’artiste réduit la chorégraphie à une forme très minimale, proche du théâtre.

 

Ici, le corps est un acte politique, le spectacle militant. La vieillesse, les violences familiales, les banquiers suisses, les serveuses exploitées, le consumérisme, la rentabilité des travailleurs qui doivent garder le sourire, coûte que coûte…

 

Maguy Marin dépeint sans compromis les comportements de soumission, induits par la peur d’être mis à la porte. En s’appuyant sur des textes d’auteurs, comme ceux des philosophes Frédéric Lordon ou Walter Benjamin, la chorégraphe donne vie aux “sensations confuses qui nous laissent hébétés devant ce monde qui a insidieusement changé”.

 

Une œuvre forte, imprégnée de tragique, d’humour et de cynisme salvateur. Si elle peut troubler et déconcerter par ce qu’elle livre du monde actuel et de la condition humaine, la pièce ne concède aucun abattement ni catastrophisme, elle incite à passer à l’action. Car, comme aime le rappeler la chorégraphe, “les artistes sont là pour donner du courage à ceux qui veulent changer le monde”.

 

Du 6 au 9 décembre à 20h à la Maison des Arts.

Réservations : 01 45 13 19 19 ou maccreteil.com