Théâtre, danse… Jann Gallois, chorégraphe fondatrice de la Cie BurnOut, et Guillaume Séverac-Schmitz, acteur, musicien, metteur en scène et directeur artistique du collectif Eudaimonia, tous deux artistes associés à la Mac, nous parlent de leur engagement auprès de Créteil dans un entretien croisé.

Jann Gallois © Michel Juvet

Parlez-nous de votre travail aujourd’hui et de vos projets pour demain.
Jann Gallois 

Actuellement, je suis sur la création d’une pièce pour lieux non dédiés. J’ai à coeur de sortir du confort qu’offrent les plateaux de théâtre pour aller immiscer mon travail dans la rue, les musées, les centres commerciaux, et ainsi me rapprocher du public et l’intercepter là où il se trouve. C’est une pièce qui parlera de joie, une bouffée d’oxygène artistique généreuse et explosive, dont l’objectif est de rappeler que cette nature bienheureuse est ce qui constitue l’essence même de l’être humain.
Guillaume Séverac-SchmitzEn ce moment, je répète dans les murs mon prochain spectacle :
Richard III, de Shakespeare. C’est un projet que je prépare depuis près de trois ans, en partenariat avec la Mac, et qui fait écho à l’une de mes premières mises en scène, Richard II, de Shakespeare. C’est une aventure de théâtre passionnante ! Une histoire épique, à la fois drôle, tragique, sensationnelle et truculente, avec de multiples rebondissements et des coups de théâtre inattendus. C’est un théâtre total, poétique et populaire, qu’il nous tarde de partager avec le public, dans la grande salle de la Mac, au mois de février prochain !

Créer, quel sens cela a-t-il pour vous dans le contexte actuel ?
JG. Encore plus de sens que jamais ! Dans un climat politique et économique toujours plus austère, la place de l’art est cruciale. Le devoir d’objectivité qu’ont les journalistes ne peut pas suppléer le travail des artistes, qui, eux, peuvent s’autoriser à rentrer dans le champ subjectif de l’imaginaire pour évoquer les  problématiques de notre époque. Recourir à l’émotion permet d’atteindre les personnes différemment, de les déplacer “intérieurement”. La création artistique nous invite cependant à aiguiser notre capacité à analyser les phénomènes avec plus de distance, sans pour autant annihiler nos émotions, mais bien au contraire en les sublimant.

GSS. Pendant le Covid, mon choix de travailler sur Shakespeare s’est avéré salvateur, car il induisait qu’à la sortie de cette période particulière, j’allais reprendre mon travail entouré de ma fidèle équipe. Entre nos mains nous attendrait une oeuvre contenant un champ d’expression et de créativité infini. Et nécessairement, l’idée de se retrouver et de partager à nouveau du théâtre ensemble. Créer pour retrouver de la joie, de l’enchantement, en transmettre aussi. Il s’agissait enfin de rassembler les gens autour d’une oeuvre puissante et magnifique, qui est au coeur de ma démarche artistique.

En tant qu’artistes associés à la Mac, comment envisagez-vous votre inscription à Créteil ?
JG. Être artiste associée à la Mac est un tel honneur qu’il me semble impossible de le concevoir comme une simple étape dans une carrière. Ceci représente pour moi une vraie mission, un rôle à jouer non seulement dans le paysage chorégraphique français, mais aussi et surtout une disposition spéciale permettant de partager un cheminement de pensée avec un grand nombre de personnes. Et ceci est très précieux à mes yeux !
GSS. Être artiste associé à la Maison des arts, c’est pouvoir compter sur un soutien, une écoute, une attention particulière, mais aussi avoir une très grande liberté de travail. C’est un espace de confort à la fois moral et artistique, car l’on sait que l’on sera accompagné, ou bien épaulé dans les moments les plus compliqués. C’est une sacrée chance !