Du collège Pasteur à la tête de Free

Rencontre avec Xavier Niel

Xavier Niel, PDG de Free et 12e fortune de France, a vécu toute sa jeunesse à Créteil. Il est le fondateur du groupe français de télécommunication Iliad qui est à l’origine du développement de l’opérateur de téléphonie Free.

 

Vous avez passé votre jeunesse à Créteil ?

 

Oui. Je suis né à Maisons-Alfort, c’était plus simple pour ma mère qui travaillait à l’École vétérinaire de Maisons-Alfort mais j’ai grandi à Créteil. Mes parents habitaient au Mont-Mesly, vers la place de l’Abbaye, où on a vécu jusqu’en 1972. Ensuite, mes parents ont  acheté une maison à la limite du vieux Créteil. J’ai habité cette maison pendant près de quinze ans jusqu’en 1987.

 Xavier Niel

 

J’ai fait une partie de ma scolarité à Créteil, j’ai été à la maternelle et en élémentaire à Allezard. Je me souviens d’ailleurs du nom de mon institutrice, Mme Maugard, qui était très sympathique. Puis je suis allé au collège Pasteur. Ce qui m’a marqué au moment de mon entrée au collège ? L’installation du premier McDonald’s à Créteil, notre grande sortie avec les copains…

Quels souvenirs avez-vous gardés de Créteil ?

 

Que des bons ! Un truc génial, c’était la possibilité qu’on a eue de pratiquer divers sports. On ne s’en rend pas compte quand on a toujours vécu à Créteil, mais on a eu cette chance d’avoir été initié à de nombreux sports comme la voile sur le lac. On a aussi fait du tennis, du volley-ball ou encore du tir à l’arc. C’était très sympa, il y avait un vrai “mix” culturel.

Que pensez-vous de la notion du “vivre ensemble” ?

 

Je me souviens d’une ville très mélangée avec des personnes d’origines très diverses. Ça se passait très bien et je ne vois aucune différence entre mes camarades de l’époque et moi-même. Vous avez deux manières de juger l’immigration en France : soit vous considérez que c’est une chance, et c’est mon avis ; soit vous vous dites que c’est la source de tous nos problèmes. Pour moi, je le redis, c’est une chance. La diversité, le mélange font de grands succès.

À cette époque-là, pressentiez-vous que vous alliez avoir un “destin” ?

 

Non, pas particulièrement. Je pense que c’est le hasard de la vie qui nous fait prendre tel ou tel chemin. Je crois aussi que le facteur chance est extrêmement important. Vous savez, vous voyez forcement les choses différemment si vous avez été élevé avec un esprit ouvert. En ce sens, la mixité cristolienne a joué pour beaucoup. C’est une ville qui est enrichissante intellectuellement et ça marche !

L’idée de vous lancer dans l’entrepreunariat vous est venue assez tôt ?

 

J’habitais encore chez mes parents à Créteil lorsque j’ai créé mes premières entreprises. Je devais avoir 18 ans. J’ai toujours aimé les nouvelles technologies, j’ai toujours vécu avec ça. Je les ai découvertes grâce à mon père. À l’âge de 14 ans, il m’a offert un ordinateur qui valait 1000 francs à l’époque. Apparaît ensuite le Minitel qui marche partout en France via votre ligne de téléphone. Vous suivez cette évolution et finalement la suite s’enchaîne logiquement.

Comment êtes-vous passé de la vie d’étudiant à celle de patron ?

 

Les grandes entreprises, qui faisaient du Minitel à l’époque, ne disposaient pas de salariés formés aux nouvelles technologies. Alors, elles faisaient appel à des jeunes, la plupart étaient des jeunes de Neuilly avec qui j’étais copain. On devait tous avoir entre 16 et 17 ans.

C’était un job étudiant ?

 

Qui était très bien payé ! Ensuite, très naturellement, vous vous dites qu’au lieu de faire ça pour une entreprise, vous pouvez le faire pour vous-même. Comme je continuais à suivre math sup en même temps, ça se passait plutôt bien avec mes parents. À un moment, j’ai gagné suffisamment ma vie pour me payer mes études et mon appart.

Quel conseil donneriez-vous aujourd’hui à un jeune de banlieue ?

 

Le vrai secret, c’est de s’écouter et de faire ce qu’on a envie de faire, d’essayer d’être indépendant. À 17/19 ans, c’est le meilleur moment pour imaginer de nouvelles idées, lancer des boîtes. Et surtout, il n’y a rien à perdre.

 

Grâce aux nouvelles technologies, vous pouvez être à l’origine d’une idée qui fera un succès mondial. De chez vous, avec simplement une connexion Internet et un ordinateur… Où que vous soyez, au fin fond du Bangladesh, dans la Silicon Valley ou à Créteil. Une bonne idée, ça ne coûte rien à produire… Et ça, c’est magique !

Article de Créteil, Vivre Ensemble, octobre 2012, n°325