Enseignement : le digital fait sa rentrée
Le digital fait sa rentrée

Le numérique permet de nouveaux usages pédagogiques individuels et collectifs facilement appropriables pour les enfants et les enseignants

 

Dans sa volonté de développer le numérique sur l’ensemble de son territoire, la ville de Créteil déploie depuis trois ans un programme pédagogique numérique ambitieux.

 

Internet, les réseaux sociaux et les applications mobiles sont omniprésents dans la vie des jeunes. À l’école aussi, les enseignants inventent de nouveaux modes d’apprentissage. Jeux sérieux, pédagogie inversée, « twictée » (courte dictée partagée via Twitter), travail en réseau… Plus que jamais l’accompagnement aux usages numériques des élèves est un enjeu majeur pour donner et redonner le goût d’apprendre au plus grand nombre et développer un esprit critique sur les outils technologiques.

 

C’est pourquoi le plan de déploiement du numérique éducatif de la ville a été élaboré en étroite collaboration avec l’Éducation nationale par le biais des directeurs d’école et les enseignants. L’objectif premier était de mettre à disposition des équipements qui permettent d’offrir des usages pédagogiques numériques nouveaux, individuels et collectifs, facilement appropriables pour les enseignants dans leur pratique quotidienne. Avant tout, il s’agissait d’expérimenter des équipements numériques pour évaluer leur usage et leur adéquation avec les attentes des enseignants avant de généraliser leur déploiement.

 

Ainsi, en 2018, première année d’un plan de déploiement prévu sur trois années, ce sont cinq « écoles test » ciblées par l’appel à projets de l’Éducation nationale « L’école change avec le numérique » qui ont bénéficié des premiers déploiements.

 

Une pédagogie complémentaire

 

Du point de vue pédagogique, leurs usages sont complémentaires : les classes mobiles permettent d’effectuer des travaux en sous-groupes (recherches Internet, apprentissage de la géographie et des langues…) et les écrans numériques interactifs sont utilisés pour des projections en classe entière et un travail collaboratif (mise en commun d’un travail, correction à plusieurs…). À ce jour, 89 applications ont été sélectionnées par les enseignants pour apprendre les mathématiques, le français, ou encore la géographie autrement…

 

En termes d’utilisation, si quelques obstacles techniques apparaissent encore de manière ponctuelle, les enseignants sont très satisfaits de la mobilité des outils (possibilité de transport des tablettes d’une classe à l’autre et déplacement des écrans avec facilité). De même, la rapidité d’installation est notée comme un facteur facilitant leur utilisation. Du point de vue purement opérationnel, chaque école a mis en place un planning de réservation des équipements numériques. Les postes en fond de classe sont utilisés majoritairement par les enseignants pour préparer leurs cours.

 

Le digital fait sa rentrée

Les équipes enseignantes ont bénéficié de sessions de « prise en main » assurées par des agents de la direction des Systèmes d’information.

 

Un déploiement sur l’ensemble des écoles

 

Après un retour très positif des utilisateurs et compte tenu de la rapidité de l’évolution des outils dans le secteur numérique, l’objectif a été de déployer ces outils en 2019 et 2020 sur l’ensemble des classes élémentaires de la Ville. Ainsi, le déploiement des classes mobiles, écrans numériques interactifs et ordinateurs en fond de classe a été poursuivi. En 2019, le déploiement dans les écoles, et d’abord celles en REP (Allezard, Camus, Casalis, La Habette et Savignat), de classes mobiles s’est poursuivi, ainsi que l’équipement en ENI.

 

À cela s’ajoute la mise à disposition d’équipements complémentaires à la demande des écoles. Il s’agit, sous forme de prêt, de casques audio, de claviers ou encore de petits outils robotiques, notamment aux écoles maternelles. À la fin de l’année 2020, toutes les écoles élémentaires seront équipées d’écrans numériques interactifs et classes mobiles.

 

Une articulation avec les autres projets de la collectivité

 

Afin de poursuivre la dynamique engagée, qui semble avoir eu un effet positif sur le projet, le travail d’accompagnement des enseignants, sur le terrain, sera poursuivi, à plus grande échelle. Pour ce faire, il s’appuiera sur deux outils qui permettront la diffusion de la culture numérique. Il s’agit du DipBike et d’une plateforme collaborative pour les enseignants.

 

Le DipBike proposera notamment une offre de services aux enseignants. Des projets pourront être construits avec la direction de la Culture, mais également des formations sur site pour favoriser l’appropriation par les enseignants de l’utilisation d’outils spécifiques (imprimante 3D, découpeuse vinyle, brodeuse numérique…). À terme, l’objectif est que chaque enseignant puisse emprunter ces outils numériques pendant une durée déterminée pour passer du « savoir » à la « réalisation », et expérimenter ainsi le « faire numérique ». Cette dynamique est importante pour démontrer aux élèves que le numérique ne se résume pas aux écrans et peut être utile concrètement au quotidien.

 

Dans les prochaines semaines, des ateliers numériques seront organisés, à l’image de la DadaDictée, une expérience interactive ludique qui rend l’orthographe plus vivante que jamais, ou encore pour s’initier à la programmation sans écran pour les maternelles. Ainsi, à Créteil, les élèves pourront compter sur de nouvelles façons d’apprendre et de faire apprendre afin de s’épanouir pleinement.

 

Le digital fait sa rentrée    Le digital fait sa rentrée    Le digital fait sa rentrée

 

Bilan de la phase test

 

Suite à l’appel à projets lancé en 2016 par l’Éducation nationale, une expérimentation sur cinq « écoles tests » (Éboué, Les Guiblets, Victor Hugo, Léo Orville et Charles Peguy) a été menée en 2018. Les écoles concernées ont été parties prenantes du projet et ont été impliquées dans le choix des solutions informatiques et des outils.

 

Chacune de ces écoles a été équipée d’un chariot de 15 tablettes (classe mobile) pour 8 classes ou dans certains cas par étage, afin de garantir au moins une demi-journée d’utilisation par semaine et par élève. Les classes ont été équipées avec une tablette ou un ordinateur pour les enseignants, un écran numérique interactif (ENI) pour 8 classes (ou par étage) ainsi qu’un poste au fond de chaque salle.

 

L’expérience a montré qu’un travail de terrain est indispensable pour atteindre trois objectifs : la mise en place opérationnelle, l’appropriation technique des outils par les enseignants et l’intégration des outils dans la pratique pédagogique. Ainsi, des sessions de formation de « prise en main » ont été assurées par les agents de la direction des Systèmes d’information. Celles-ci ont été complétées par des temps d’échanges dans chaque école, assurés par les directions des Systèmes d’information et de l’Éducation. À cette fin, des déjeuners d’échange ont été mis en place avec les enseignants dans les écoles.

 

Cette présence sur le terrain a permis de créer le « comité des ambassadeurs », constitué d’enseignants et de directeurs volontaires. Dans les cinq « écoles tests », le bilan tiré par les enseignants comme par les élèves est très positif.

 

Des techniques interactives et dynamiques

 

Le remplacement de la salle informatique par ces équipements est perçu de manière très positive par les enseignants. En effet, ils permettent une projection instantanée, ce qui était auparavant impossible ou complexe en salle informatique.

 

En outre, ils évitent de déplacer les élèves dans une autre salle. En termes d’utilisation des locaux, la disparition des salles informatiques permet de récupérer un espace qui peut être mis à profit du périscolaire, en tant que salle de classe en cas d’ouverture. Cet élément n’est pas négligeable dans la perspective de la mise en place dans les écoles en REP des CE1 dédoublés.

 

Il ressort de cette première évaluation que l’offre actuelle correspond aux besoins et usages faits par les équipes enseignantes qui se sont rapidement approprié les outils. Ces derniers apportent une vraie valeur ajoutée et permettent de mettre en œuvre de nouvelles techniques pédagogiques, plus interactives et dynamiques.

 

Article de Créteil, Vivre Ensemble, Décembre 2020, n°407