Environnement : préserver notre patrimoine naturel
L’envasement du bras du Chapitre

L’envasement du bras du Chapitre et de ses bras annexes préoccupe les riverains et tous ceux qui fréquentent les bords de Marne. La Ville a lancé plusieurs études de terrain qui permettront de définir les actions à mener pour limiter ce phénomène, dans le respect de la législation, des intérêts des habitants de ce secteur et de l’environnement.

 

D’année en année, l’envasement du bras du Chapitre, du bras Sainte Catherine et du bras de la Guyère semble progresser, en dépit des “lâchers” d’eau réalisés quatre à six fois par an, via le barrage situé au nord de l’île Brise-Pain, censés créer davantage de courant pour “nettoyer” ces cours d’eau naturellement. Sollicitée par le conseil de quartier et l’Association de sauvegarde du Bras du Chapitre et de ses abords (ASBCA), la Ville a missionné un bureau d’études spécialisé pour ce dossier complexe.

 

Une première étude a confirmé un envasement important des trois bras, en particulier du bras de la Guyère, qui compte un mètre de vase en moyenne sur toute sa longueur, et du bras du Chapitre, avec 60 cm de vase en moyenne dans sa moitié nord. Un envasement principalement dû au barrage du bras du Chapitre qui prive les cours d’eau de courant et favorise le dépôt de sédiments. Autre résultat de l’étude, la faible efficacité des lâchers d’eau du barrage. Leur action est limitée à une centaine de mètres à peine et n’atteint même pas le bras de la Guyère.

 

Une législation contraignante

 

Pour résoudre ce problème d’envasement, plusieurs pistes sont envisagées. Elles doivent répondre au cadre législatif, respecter l’environnement et être satisfaisantes pour les riverains. C’est ainsi qu’une opération de curage de la vase, qui semblait initialement la solution la plus évidente, a été éliminée car formellement interdite par la loi sur l’eau et les milieux aquatiques (Lema). Trop invasif et absolument pas pérenne, le curage est remplacé, dans la loi, par un entretien régulier des cours d’eau. “La tendance est à laisser faire la nature, explique-t-on aux services techniques de la Ville. Mais si on laisse trop faire, à terme, il n’y aura plus que de la vase…” Il faut donc trouver une option durable et respectueuse de l’environnement.

 

Le bras de la Guyère est le plus envasé

Le bras de la Guyère est le plus envasé (1 m de vase en moyenne) en raison du manque de courant.

 

La principale solution serait de démanteler le barrage. Cette opération comporte néanmoins beaucoup de contraintes et de conséquences. En effet, cet ouvrage sert à réguler et maintenir la ligne d’eau du bras du Chapitre à un niveau constant. Sans barrage, en période sèche, le niveau d’eau baisserait de plusieurs dizaines de centimètres, laisserait les berges à nu avec, par exemple comme répercussion, une marge plus importante pour la mise à l’eau des bateaux… À l’inverse, en période de crue, la vitesse de l’eau serait plus importante et les berges s’éroderaient plus vite. Le fait de bouger cette ligne d’eau aurait donc des conséquences sur les propriétés privées, les nappes phréatiques, le gonflement des argiles contenues dans le sol, l’érosion des berges…

 

Pour mesurer ces effets, la Ville a lancé de nouvelles études complémentaires : simulation en 2D des variations de courant, inventaire de la faune et de la flore locales, analyse des pratiques des activités de loisirs comme le canoë ou la pêche… Autre piste à l’étude, l’aménagement des berges en privilégiant le génie végétal (utilisation de plantes plutôt que de matières inertes comme la roche ou le béton) pour restaurer et stabiliser les surfaces érodées.

 

Des travaux coûteux

 

Parallèlement à ce dossier déjà complexe, Voies navigables de France (VNF) a l’obligation d’équiper tous les barrages de passe à poissons pour contribuer au bon état écologique des cours d’eau et rétablir la continuité piscicole. Là aussi, des études doivent être réalisées pour préciser l’emplacement de la passe à poisson, le courant nécessaire pour les attirer… Ces deux chantiers, aux contraintes environnementales, techniques et administratives lourdes, vont prendre plusieurs années. Ainsi, les travaux concernant l’envasement ne devraient pas débuter avant 2023. Leur coût est estimé à 8 millions d’euros. Une subvention d’un million d’euros a déjà été versée par la Métropole du Grand Paris et finance les nombreuses études préalables. D’autres partenaires, comme l’Agence de l’Eau Seine-Normandie et la Région Île-de-France, pourraient également participer au financement des travaux.

 

Envasement du bras du chapitre et de ses bras annexes

Les tronçons les plus touchés par l’envasement sont ceux aux débits les plus faibles : le bras de la Guyère, le tronçon central du bras du Chapitre et le tronçon aval du bras du Chapitre.

 

 

L’envasement du bras du Chapitre

 

 

Article de Créteil, Vivre Ensemble, novembre 2018, n°386