Interviews : Marie Patouillet et Brice Leverdez

Découvrez le portrait des deux sportifs cristoliens Marie Patouillet et Brice Leverdez, respectivement en préparation pour les Jeux paralympiques et les Jeux Olympiques de 2024 à Paris.

 

Marie Patouillet : « Je vise les Jeux paralympiques de 2024 à Paris »
À 32 ans, Marie Patouillet, ne compte que trois ans de paracyclisme, mais elle s’est déjà fait un nom dans le milieu. La Cristolienne n’a pas attendu longtemps pour épingler plusieurs médailles à son tableau et réaliser les minima pour les Jeux paralympiques de Tokyo. Marie Patouillet est rapide. Elle a déjà accompli sa reconversion : médecin généraliste.

 

Photo de la sportive Marie Patouillet

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Pouvez-vous nous raconter votre arrivée et vos débuts à Créteil ?J’ai commencé le cyclisme sur piste en 2018 à Villeneuve-la-Garenne. À Saint-Quentin en Yvelines, j’ai rencontré Claude Chérod, membre de l’USC Cyclisme. Le projet m’a plu et j’ai décidé de venir à Créteil. Aujourd’hui, j’ai les deux licences  : celle de la Fédération française handisport et celle de la Fédération française de cyclisme.

Comment en êtes-vous arrivée au cyclisme ?Je suis née avec une malformation au pied gauche et un dysfonctionnement de l’articulation de la cheville gauche également. Vers l’âge de 20, la situation s’est dégradée, et à l’âge de 25 ans, il m’était impossible de courir. Le sport, pour moi, c’est vital. Dans le passé, j’avais pratiqué le surf, le hand, le ski, le rugby, la course à pied… autant de disciplines que je ne pouvais plus faire. J’avais le choix entre la natation et le cyclisme, mais la natation, regarder le fond de la piscine et ses carreaux, ce n’est pas pour moi. Alors j’ai opté pour le vélo sur piste. Grâce au handisport, j’ai pu me retrouver avec des filles qui avaient le même niveau de handicap que moi.

Vous êtes entraînée par Grégory Baugé, alias « Le Tigre ». Comment se déroulent les séances ?Je m’entraîne entre 15 et 20 heures par semaine, avec au programme des séances de renforcement musculaire et du cyclisme sur route et sur piste. Les entraînements ont principalement lieu à l’Insep, mais aussi dans mon garage, où j’ai investi pour la partie musculation. Avec Greg, nous sommes beaucoup dans la discussion. Il faut parler du handicap et de ses limites physiques. Il est calme, exigeant et rigoureux. J’ai une énorme confiance en lui.
 
Les Jeux paralympiques se dérouleront du 24 août au 5 septembre à Tokyo. Êtes-vous déjà qualifiée ?J’ai réalisé les minima en 2020 lors des championnats du monde handisport au Canada. Cependant je dois attendre la mi-juin et les résultats des championnats du monde sur route au Portugal pour officialiser ma sélection.

Avez-vous déjà pensé à l’après cyclisme ?Je n’ai pas de pression de reconversion, car je suis déjà médecin généraliste. C’est un gros confort. Et mon métier m’aide pour l’aspect physiologique. En médecine, la persévérance et la détermination sont des aspects majeurs. Je les applique dans ma pratique sportive. Mais l’après cyclisme n’est pas pour demain. Je vise Paris 2024 et ses Jeux paralympiques.

Brice Leverdez : « À Tokyo, je devrais participer à mes 3e JO »
Brice Leverdez, n°1 français du badminton depuis 2009, devrait participer à sa troisième olympiade, après celles de 2012 et 2016. Le Cristolien attend que le Comité national olympique et sportif français entérine sa sélection. Le nonuple champion de France voit loin et ne manque pas de projets : les JO de Paris 2024 et la création d’une salle privée dédiée au badminton. À 35 ans, Brice Leverdez est bien sur tous les fronts.

 

Photo du sportif Brice Leverdez

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Pouvez-vous nous raconter vos débuts au badminton et votre arrivée à Créteil ?J’ai commencé le badminton à 12 ans. Avant, j’ai pratiqué le judo. Il faut dire qu’avec un père professeur de judo et une mère avec un niveau national en volley et en équitation, j’ai de bons gènes sportifs. Ma sœur, qui faisait du badminton, me propose d’essayer. Je m’étais cassé la clavicule au judo et j’obtenais de moins bons résultats. Mon arrivée au club de Créteil se fait à cause d’une blessure. C’était en 2005. Blessé au genou, j’étais un peu sur la touche à l’Insep quand je rencontre Bertrand Gallet, n°1 à l’époque et licencié à l’US Créteil.

Quel est votre parcours professionnel et votre plus beau souvenir ?Mon parcours professionnel débute vraiment quand je commence à gagner mes premières primes, à 17 ans. Un moment fort dans ma vie de badiste, c’est ma victoire face à Erwin Kehlhoffner en 2008. En finale des championnats de France, je sauve trois volants de match et remporte mon premier titre national peu de temps avant mes 22 ans. Sur le plan international, mon succès à l’Open d’Équateur, en 2007, a aussi une saveur particulière.

À quand remonte votre première sélection chez les Bleus et que ressentez-vous en portant le maillot tricolore ? Ma première sélection chez les seniors remonte à 2008. C’était lors du championnat d’Europe par équipes. Cela fait 13 ans que je porte le maillot tricolore, et c’est pour moi toujours quelque chose de spécial. Pour mes premiers pas chez les Bleus, j’étais un peu stressé. J’avais une sorte de pression. J’ai passé un cap lors des championnats du monde par équipes en obtenant de bons résultats. Porter les couleurs de la France dans une grande compétition, comme les Jeux olympiques, permet à notre disci-pline d’avoir une visibilité.

Justement, vous avez disputé les JO en 2012 et 2016. Les Jeux se dérouleront du 23 juillet au 8 août à Tokyo. Êtes-vous déjà qualifié ?Normalement je devrais participer à mes troisièmes JO d’affilés. J’attends en juin que le Comité natio-nal olympique et sportif français entérine ma sélection. Mon objectif sera, comme toujours, d’aller chercher une médaille. J’ai aussi un œil sur 2024 et les JO de Paris, avec une participation possible en simple ou en double.


Vous êtes entrepreneur, vous avez déjà amorcé l’après badminton ?Effectivement, ma reconversion je l’ai amorcé en créant une entreprise de prêt-à-porter en 2016. J’ai aussi suivi une formation à Sciences Po Paris. Et actuellement, j’ai un nouveau projet : je vais ouvrir une salle privée de badminton.

 

Article de Créteil, Vivre Ensemble, juin 2021, n°413