Jeunesse : une présence éducative sur internet
Une présence éducative sur internet

Créteil est la première ville du département à adhérer au dispositif « Promeneurs du net ». Un concept d’action éducative sur la « toile » en direction des 12-25 ans entrepris par neuf éducateurs du pôle jeunesse, qui suivent 920 jeunes sur internet depuis octobre 2019.

 

« En entrant en relation avec les jeunes sur internet, l’animateur « Promeneur du net » élargit son territoire d’intervention, propose une nouvelle pratique professionnelle en ligne, où il poursuit son activité éducative, mais joue également un rôle important auprès des familles », indique Michel Lafond, directeur du service Jeunesse de la Ville. Le promeneur du net contribue, par sa présence éducative sur les espaces en ligne fréquentés par les jeunes (Facebook, Snapchat, Whatsapp et Instagram principalement), à définir de nouvelles modalités d’accompagnement en phase avec leurs préoccupations et besoins actuels. Il répond aux sollicitations des jeunes et fait au quotidien un travail de médiation sur les réseaux sociaux. Dans le respect des valeurs de l’animation et de l’éducation, il écoute, conseille et soutient le montage et la réalisation de projets initiés par les jeunes.


Une adhésion des jeunes satisfaisante

 

« Une démarche qui repose sur le volontariat du promeneur et son appétence pour les réseaux sociaux », ajoute Stéphane Soumaré, ambassadeur du dispositif. Afin de faire connaître au plus grand nombre le démarrage du dispositif des promeneurs du net, la première mission des animateurs volontaires est d’aller à la rencontre des jeunes et des enseignants dans les collèges et lycées pour faire la promotion de ce nouveau concept.


Les premiers jeunes touchés ont très vite adhéré au dispositif et ont répandu l’information sur internet massivement. Du fait qu’ils connaissent déjà les animateurs, qui font partie de structures jeunesse fréquentées, ils n’ont aucune appréhension dans leurs échanges. Les promeneurs repèrent les difficultés rencontrées dans un premier temps, puis prennent contact avec les jeunes afin d’engager une conversation. Ces derniers sont également invités à participer à des temps de sensibilisation au sein des structures. Il est constaté un renforcement indéniable des liens entre les jeunes et les animateurs, ainsi qu’avec les familles, qui se sentent rassurées.


« Une vraie force de frappe contre le harcèlement scolaire »

 

« Dans nos contacts, nous comptons un tiers de parents et deux tiers de jeunes », explique Stéphane Soumaré. Outre les nombreuses demandes d’information auxquelles les promeneurs du net répondent, ils aident les jeunes et leurs familles à aborder des thématiques délicates et leur donnent un espace de conversation privée avec des personnes neutres qu’ils connaissent déjà, ce qui leur permet de se livrer en toute confiance.

 

En retour, ils reçoivent un accompagnement et une certaine assurance. « On leur apprend à être vigilants en ce qui concerne la protection de leur identité sur les réseaux sociaux, ou la mise en ligne de photos et leurs conséquences potentielles. On travaille sur l’identité numérique, le harcèlement, des champs peu évoqués dans le cadre scolaire et au sein des familles, où l’on rencontre souvent des parents perdus », confie Michel Lafond. Les promeneurs, répartis dans les différents quartiers de la Ville, sont ainsi de vrais relais d’information au cœur des quartiers pour évoquer les différentes difficultés rencontrées et faire remonter les besoins et thématiques d’inquiétude des jeunes.

 

Un concept réparti en deux entités

 

À Créteil, les promeneurs du net sont répartis en deux entités. Il y a d’abord un espace numérique d’animation composé de six animateurs référencés par rapport à une structure jeunesse. Chacun est et équipé d’un smartphone fourni par la ville, avec des comptes professionnels sur les réseaux sociaux. Puis, au Bureau information Jeunesse, trois animateurs, dont un équipé d’un smartphone professionnel, tiennent un espace numérique d’information, assurent une continuité du travail entrepris sur le net et répondent aux premiers questionnements des jeunes. « À travers le dispositif, il est aussi important de profiter des échanges virtuels en prolongement des échanges au Bureau information Jeunesse pour orienter les jeunes vers les aides à l’emploi, les bourses, les aides, etc. », poursuit Stéphane Soumaré.

 

Le processus des promeneurs du net est encadré par Camille Falconnet, chargée d’animation du réseau d’information jeunesse et des promeneurs du net au Centre d’information et de documentation jeunesse (CIDJ), structure missionnée par la Caf 94, qui labellise et coordonne le projet. En cette année 2020, de nombreuses sessions de formation sont prévues afin de renforcer le rôle de promeneur. Seront abordés le cadre réglementaire, les « infox », comment déceler le vrai du faux, l’éducation aux médias, les jeunes et la culture numérique ainsi que les postures professionnelles d’accompagnement des promeneurs du net. Trois nouveaux promeneurs doivent également être labellisés à Créteil.

 

Témoignage


Stéphane Soumaré, ambassadeur du projet à Créteil

 

Stéphane Soumaré, ambassadeur du projet à Créteil


« Mon ressenti sur le dispositif des Promeneurs du net est positif, dans la mesure où j’arrive à échanger plus facilement avec des jeunes que je ne voyais pas forcément auparavant. Le fait est qu’ils ont une liberté de parole, nous pouvons échanger tranquillement sans être dérangés, sans se voir aussi. Ce qui manquait auparavant, c’était les échanges. Aujourd’hui, nous pouvons nous parler en continu et au quotidien par rapport aux préoccupations qu’ils ont, leurs petits soucis, mais aussi les activités qu’ils souhaiteraient faire. Je veux dire aux jeunes que lorsque la porte de nos structures est fermée, elle reste ouverte via les réseaux sociaux. Nous avons conscience que, pour ces jeunes, ce n’est pas facile de se livrer, mais l’interaction sur les réseaux sociaux favorise vraiment les échanges et libère la parole. Ils peuvent nous interpeller directement et avoir une réponse rapide. »

 Article de Créteil, Vivre Ensemble, avril 2020 n°401