Permettre à la nature de reprendre ses droits

Avec l’arrivée des beaux jours, le fleurissement estival se dévoile et les zones naturalisées, désormais bien installées, confirment leur intérêt, tant paysager qu’en faveur de la biodiversité.

 

vivaces misent en place rue Déménitroux

 

Un air champêtre flotte sur Créteil : des coquelicots le long de la chaussée, des graminées comme sorties du bitume, des papillons virevoltant d’une fleur à l’autre… Cette cinquantaine d’îlots de nature, en apparence sauvage, sont bel et bien maîtrisés et entretenus par les jardiniers de la Ville qui, depuis 2007, mettent en pratique des méthodes plus respectueuses de l’environnement.

19 hectares de parcelles naturalisées

 

Les premiers essais de zones naturalisées ont débuté il y a quatre ans, avec l’objectif de traiter de façon plus naturelle des espaces verts peu fréquentés ou difficilement accessibles afin de favoriser le retour de la faune et de la flore locales.

 

Ainsi, sur les talus ou le long de certains grands axes de circulation, ces parcelles qui étaient auparavant systématiquement tondues voient leur végétation pousser plus librement, sous l’œil vigilant des jardiniers.

 

“Contrairement aux idées reçues, explique Raoul Petit, responsable de la gestion différenciée et de la biodiversité au service des Parcs et Jardins, ces zones naturalisées nécessitent un entretien rigoureux, notamment en ce qui concerne le contrôle des plantes invasives comme le chardon.” Pour éviter que ces plantes ne se propagent, quelques prairies sont fauchées à l’automne, mais la plupart sont tondues trois ou quatre fois par an, par un outil plus économe et d’utilisation moins fastidieuse : le gyrobroyeur.

 

Placé à l’arrière d’un engin agricole, il hache menu l’herbe pouvant atteindre jusqu’à 50 cm de hauteur. Les déchets verts obtenus sont laissés sur place, une réelle économie de temps et de moyens, comparé au fauchage où le foin doit être amené à la Queue-en-Brie…

 

Jardins de trottoirs

 

D’autres initiatives de ce type sont menées dans la ville, comme la suppression de certaines jardinières en béton sur des terre-pleins pour y installer des sortes de “jardins de trottoir”.

 

Ces bacs, difficiles à entretenir, sont aussi d’importants gaspilleurs d’eau. En les enlevant ainsi qu’un peu de bitume, de nouveaux espaces verts sont libérés, comme rue du Chemin-de-Mesly, en face du collège Allezard.

 

“C’est la deuxième année que nous expérimentons cette technique et les résultats sont plutôt bons, constate Sabine Ferrer, responsable du fleurissement au service des Parcs et Jardins. Il s’agit de revégétaliser ces espaces avec des plantes adaptées. Nous assurons un suivi régulier afin de vérifier que les mauvaises herbes ne prolifèrent pas.”

 

En effet, les graminées s’accommodent des jointures du bitume et les arbustes semblent trouver le terrain à leur goût. Dans le même esprit, la végétalisation des pieds d’arbres par des bulbes laissés en place d’une année sur l’autre a porté ses fruits. Narcisses, géraniums vivaces, brunéras et camassias ont refait surface au printemps, notamment rue Juliette-Savar où l’expérience a été lancée l’an dernier. Aujourd’hui, 19 hectares sont devenus des zones végétalisées favorisant la biodiversité, soit près de 10% des espaces verts de la ville. Cette nouvelle flore locale permet d’accueillir des insectes pollinisateurs tels que des papillons ou des abeilles, essentiels à la production des fruits et légumes de notre région.

 

Créteil comme un tableau

 

Cette année encore, laissez-vous surprendre par la créativité des jardiniers municipaux. C’est un thème particulièrement pictural qui a été retenu pour décliner le fleurissement estival des massifs cristoliens : “Bleus d’ici et d’ailleurs”. Clin d’œil à tous les jardiniers qui vivent entourés de bleu (ciel, eau, fleurs…), mais hommage aussi aux peintres qui ont, depuis des siècles, lié cette couleur à la représentation de la nature. On pense ici à Monet et son jardin de Giverny, mais aussi à Manet ou Klimt.

 

Vous pourrez à votre tour créer votre propre tableau en vous promenant d’un quartier à l’autre : inspiration méditerranéenne venue des Jardins de Majorelle au Mont-Mesly, invitation au voyage avec des voiles de tissu flottant dans des cadres au Centre ancien, impressionnisme romantique avec de magnifiques ipomées bleues s’enroulant autour de pergolas à La Lévrière…

 

Cet été, bleuets, sauges, fétuques, lobélias, centaurées, myosotis, verveines, pétunias teinteront donc les massifs en bleu, dominante qui gagnera jusqu’au parc Dupeyroux, lors de la manifestation “Parcs et Jardins en fête”, les 15 et 16 septembre 2013.