Recherche et innovation

En pointe sur la filière santé

Dans quelques mois, une pépinière- hôtel d’entreprises Bio & D ouvrira ses portes à Créteil-l’Échat. Dédiée aux sciences du vivant et à la santé, son objectif est d’accueillir des porteurs de projets, mais aussi d’aider à la valorisation de la recherche sur le territoire. À la clé : création d’entreprises et développement de l’emploi.

 

Bio & D : tel est le nom choisi pour la future pépinière-hôtel d’entreprises qui ouvrira ses portes l’été prochain, au niveau supérieur de la galerie commerciale de Créteil-l’Échat. Un nom, sous forme de clin d’œil à la R & D (Recherche et Développement), destiné à bien signifier l’accueil des entreprises spécialisées en biologie.

 

Cette pépinière sera une structure à taille humaine : 1033 m² de locaux, répartis sur trois plateaux, quatre espaces de laboratoires, des bureaux de 15 m² à 200 m².

 

Des espaces communs seront également aménagés, avec une salle de réunion équipée, un espace de détente et de documentation, une salle de reprographie, un accueil mutualisé ou encore une mise en relation pour accéder aux plates-formes technologiques de l’IMRB (Institut Mondor de recherche biomédicale).

 

Au final, la pépinière pourra ainsi accueillir entre huit et dix entreprises de la filière santé.

 

“Nous serons modestes par la taille, confirme Bertrand Georges, directeur du Développement économique et de l’Aménagement pour la Communauté d’agglomération Plaine centrale, car ce que nous recherchons, ce n’est pas tant la quantité que la qualité extrême.”

 

L’idée est donc d’accueillir, dans la pépinière, de jeunes entreprises de moins de 5 ans pour une période pouvant aller de 12 à 48 mois. Quant à l’hôtel d’entreprises attenant, il permettra de recevoir des entreprises du secteur plus aguerries, avec un bail commercial classique, mais à des conditions plus avantageuses : un loyer légèrement inférieur à la norme, mais surtout des services en plus et des espaces mutualisés.

 

Synergies industrielles et scientifiques

 

Car la pépinière Bio & D, située au cœur du pôle santé de la ville, est, en effet, fondée sur l’idée du partenariat. “Nichée à deux pas du groupement Mondor-Chenevier (AP-HP) et de la faculté de médecine, explique Bertrand Georges, la pépinière devrait encourager les synergies industrielles et scientifiques, le tout au service des laboratoires de recherche.” Et d’ajouter : “Le constat, qui a mené au projet de Bio & D, était que le territoire regorge d’idées, mais que la création d’entreprises dans le secteur de la santé et des sciences du vivant avait du mal à émerger. Et quand bien même des entreprises étaient créées, celles-ci migraient pour beaucoup à Paris, Évry, voire à l’étranger. L’idée de départ est donc bien de retenir les entreprises sur notre territoire.”

 

Parallèlement à cet objectif, la pépinière-hôtel d’entreprises s’est aussi donné pour mission la valorisation de la recherche. Le but ultime étant de permettre aux chercheurs de passer de la recherche “fondamentale” à la recherche “appliquée”. En d’autres termes, de favoriser le passage de la recherche vers l’industrie.

 

Détecter des projets et les amener à maturation

 

Et pour ce faire, la pépinière s’appuiera, par exemple, sur Cecoval (Cellule de coordination et de valorisation de la recherche), créée en 2010 par l’Upec et le CNRS.

 

“Notre rôle, confie Bernard Jacquet, de Cecoval, est de  détecter des projets issus des laboratoires de recherche et de les amener à maturation.

 

Sur Plaine centrale, les hôpitaux et l’université constituent des centres de production, de découvertes et d’innovations scientifiques et médicales majeures en France.

 

En attestent plus de 550 publications scientifiques et de nombreux dépôts de brevets chaque année. Cecoval, en lien avec Bio & D, va ainsi permettre de valoriser la recherche par de

 

 

Une fois créées et, pour certaines, installées dans la future pépinière Bio & D, ces sociétés nouvelles participeront également au développement économique local. Car, qui dit créations d’entreprises, dit gisement d’emplois. Des emplois directs (dédiés aux chercheurs notamment), mais aussi indirects, les entreprises de la filière santé faisant beaucoup appel à la sous-traitance (en informatique, en mécanique ou encore en chimie).

 

Véritable opération d’envergure, la pépinière d’entreprises* a un coût à la hauteur de ses ambitions : deux millions d’euros. Le portage est essentiellement assuré par la Communauté d’agglomération Plaine centrale. Des subventions ont également été reçues du département du Val-de-Marne et de la région Île-de-France. L’appel d’offres est en cours et les travaux devraient démarrer au premier trimestre 2012. La convention a d’ores et déjà été signée, le 3 décembre dernier, dans les locaux de la faculté de médecine de Créteil.    

 

* La pépinière est composée d’un collège économique (qui comprend notamment l’Agence de développement du Val-de-Marne, le Centre francilien de l’innovation, l’AP-HP, la Chambre de commerce et d’industrie du Val-de-Marne…), d’un collège scientifique (notamment composé de l’Upec, Medicen, l’Inserm, Scientipôle, Mécatronic) et d’un collège institutionnel (Plaine centrale, région Île-de-France, département du Val-de-Marne…). Ensemble, ces trois collèges forment un comité d’experts et de suivi.

 

Les projets phares de la filière santé

 

Plaine centrale est indéniablement une terre de santé. “Nous sommes le deuxième pôle français de recherche clinique, annonçait fièrement Simone Bonnafous, présidente de l’Upec, lors des 2des Rencontres Upec-Plaine centrale organisées le 3 décembre dernier portant sur l’innovation et la recherche. Nous disposons de 51 établissements de recherche haut de gamme, de 200 chercheurs, d’une soixantaine de grandes entreprises, dont plusieurs sont des leaders pharmaceutiques. Le territoire de Plaine centrale regorge d’un potentiel immense, doublé d’une stratégie partenariale forte.”

 

Concrètement, ce potentiel s’illustre avec un pôle santé doté de nombreux projets hospitalo-universitaires, s’orientant essentiellement autour de trois axes. Tout d’abord, un important travail mené sur les maladies cardio-vasculaires et respiratoires, enjeu majeur de santé publique. Le pôle santé travaille aussi autour de l’immunité cancer. Par ailleurs, l’Institut de recherche sur le vaccin (VRI, Vaccine Research Institute) réfléchit sur la mise au point de vaccins contre le sida et les hépatites virales.

 

Énorme projet s’il en est, le VRI dispose aujourd’hui d’un laboratoire d’excellence, Labex, financé par l’État. Dernier axe fort, les recherches en neuro-psychiatrie avec, notamment, le réseau FondaMental. Celui-ci travaille sur les maladies mentales en France (dont un Français sur cinq a été ou est atteint). Parmi les missions de ce réseau national de chercheurs et de cliniciens : la prévention et le dépistage, l’accélération de la recherche en psychiatrie, la formation des professionnels de santé et l’information au public, pour favoriser l’accès aux soins.

 

Par ailleurs, le territoire dispose d’un centre de thérapie cellulaire de l’Établissement français du sang. Son rôle : faire avancer la recherche sur les maladies du globule rouge (comme la drépanocytose). Six plates-formes technologiques de L’Institut Mondor de recherche biomédicale (IMRB) complètent le tableau. Parmi elles, une plate-forme est spécialisée sur l’exploration fonctionnelle du petit animal, une autre sur la cytométrie des flux (tri des cellules sanguines). Enfin, on notera la présence de plusieurs animaleries sur le territoire, dont l’une d’elles va être agrandie (800 m2) et modernisée. “Les animaleries sont un atout important, insiste le doyen de la faculté de médecine, Jean-Luc Dubois-Randé. Elles permettent aux chercheurs de faire des tests pour élaborer les nouvelles thérapeutiques.” Et trouver ainsi les médicaments de demain.

 

Repères chiffrés

 

Sur son territoire, Plaine centrale compte :


• Plus de 200 chercheurs [dont 130 dans le secteur de la santé].
• 30 000 étudiants.
• 3 établissements hospitaliers de renommée [le CHU Mondor-Albert-Chenevier, l’hôpital intercommunal de Créteil et l’hôpital Émile-Roux].
• 3000 lits et 100 000 admissions par an.
• 70 spécialités médicales reconnues [en chirurgie, greffe du visage, traitement du cancer de la prostate, prise en charge des infarctus du myocarde, gérontologie, maladies infectieuses…].
• Plus de 60 entreprises, avec des leaders pharmaceutiques [Sanofi, Essilor…], des start-ups [Citrage…], des PME [Medicasoft, Starkey, etc.].

 

Article de Créteil, Vivre Ensemble, Janvier 2012, n°318