Rencontre : Astride N’Gouan, du macadam hand jusqu’au toit du Monde.
Astride N’Gouan

© Fédération française de handball

 

Astride N’Gouan a un parcours qui fait rêver et qui, surtout, devrait inspirer. Championne du Monde et d’Europe avec l’équipe de France de handball en l’espace d’un an, cette athlète, originaire de Créteil, vit aujourd’hui d’un sport dont elle ne connaissait rien avant ses 16 ans et truste, avec son club de Metz, la première place du championnat français. Rencontre avec une championne qui a grandi au Mont-Mesly et fait ses premières armes au gymnase Casalis. 

 

Créteil Vivre Ensemble : Astride, comment devient-on championne du Monde et d’Europe de hand ?

Astride N’Gouan : Enfant et même adolescente, je ne faisais aucun sport, hormis avec l’association sportive de mon collège Amédée Laplace. J’y avais d’ailleurs fait un peu de hand, mais ça ne m’intéressait pas plus que ça. Un jour, pendant les vacances, une amie m’a convaincue d’aller au macadam hand, au gymnase Casalis.

 

J’y suis allée sans trop de motivation, envoyer des ballons dans une cage, je ne voyais pas trop l’intérêt. J’étais très grande et athlétique, il s’est rapidement avéré que j’avais des prédispositions physiques pour ce sport, la technique est venue après. J’ai intégré l’US Créteil Handball, en U16, avec, comme coach, Olivier Valet*. J’ai d’abord été arrière, puis pivot, mon poste actuel. Ensuite, tout s’est accéléré, j’ai intégré la Ligue puis le Pôle espoir.

 

Rapidement, ce qui n’était qu’un passe-temps durant les vacances devient votre principal centre d’intérêt. Comment un tel changement se produit-il ?

J’ai vu que je réussissais à faire assez naturellement ce que d’autres essayaient de faire, sans forcément y arriver, depuis plusieurs années. Je me suis dit, je suis peut-être douée finalement ! Les éducateurs et les joueurs pro de l’US Créteil de l’époque m’ont aussi encouragée.

 

Quand on vous a proposé de signer un contrat professionnel, à Issy Paris, quelle a été la réaction de vos parents ? 

Quand on m’a proposé mon premier contrat professionnel, mon père a posé une seule condition : que je continue mes études en parallèle. J’ai donc été à la fac de droit et je jonglais entre les cours et les entraînements. J’ai obtenu une licence ; même si je n’ai pas encore d’idée pour mon après-carrière, j’ai déjà ce bagage.

 

Astride N’Gouan

 

Comment se déroule une journée de travail quand on est handballeuse professionnelle ?

Avec le club de Metz où je joue actuellement, j’ai un entraînement chaque matin à 10 heures (musculation), après le repas de midi je fais une sieste puis, à 16h15, je repars pour un entraînement (de jeu). Ensuite, vient le temps de la récupération et des séances de kiné, ce n’est qu’après le repas du soir que je peux profiter d’un peu de temps pour moi. Sans parler des jours de match de championnat, le mercredi, et de la Ligue des champions les week-ends.

 

Comment évolue le handball féminin selon vous ?

La diffusion sur TF1 pour les Mondiaux a été quelque chose d’important. Pour l’Euro, notre visibilité a progressé. On parle davantage de nous, on voit beaucoup les garçons, mais on est aussi en train de créer notre histoire.

 

Pour un ou une sportive de haut niveau, le corps souffre. Comment gérez-vous cela ?

Je suis sur un poste où l’on reçoit beaucoup de coups et où l’on se bat en permanence. Il faut savoir gérer son corps et ça, on l’acquiert en grandissant, tout comme le fait de manger de façon équilibrée et de respecter les temps de sommeil. Mais j’aurai des séquelles plus tard, j’en ai conscience.

 

Créteil, votre ville d’origine a reçu le label “Ville active et sportive” et accueille la prestigieuse Maison du Handball, siège de la fédération et lieu de rassemblement des équipes nationales. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Je suis trop fière de ma ville, je la trouve belle. Elle change beaucoup, de nombreux travaux y sont faits, notamment l’aménagement du nouveau quartier de la Pointe du Lac. Quand nous sommes venus en stage, à la Maison du Hand pour préparer l’Euro avec les filles de l’équipe de France, j’étais vraiment heureuse de pouvoir leur faire découvrir ma ville. Mes parents habitent toujours au Mont-Mesly, dès que j’ai du temps libre, je reviens à Créteil.

 

Quel regard portez-vous sur les dispositifs développés par la Ville en direction de la jeunesse cristolienne ?

Pour moi, le macadam hand c’est génial. Pendant les vacances, on ne savait jamais quoi faire, on restait en bas de la maison. Un dispositif comme celui-ci ouvre à d’autres univers, surtout pour les filles ! Je ne saurais que trop leur conseiller de le fréquenter.

 

Un message pour les jeunes Cristoliens ?

Persévérer ! Quand on veut, on peut.

 

* Olivier Valet est entraîneur de l’école de hand de l’USC et de l’équipe senior 3.

 

 Astride N’Gouan

© Fédération française de handball

Fiche d’identité

Naissance : 9 juillet 1991 ; Taille : 1,87 m ; Poste : pivot

 

Parcours jeune

US Créteil Handball ; Noisy-le-Grand Handball

 

Parcours professionnel

2010-2014 : Issy Paris Hand ; 2014-2016 : Toulon Saint-Cyr

2016-2018 : Brest Bretagne ; Depuis 2018 : Metz Handball

 

Sélections en équipe nationale

Depuis 2013, 22 sélections

 

Article de Créteil, Vivre Ensemble, février 2019 n°389