Tartuffe grimé à la mode des sixties

© Pascal Gely

 

Les 20 et 21 avril 2022, les planches de la Mac accueilleront Tartuffe théorème, le classique de Molière revisité et transposé dans les années 60 par Macha Makeïeff. Entre satire sociale et fantaisie, cette pièce aborde les thèmes du consentement, de l’imposture et de l’hypocrisie.

 

En pleine tournée nationale, Tartuffe Théorème fera un arrêt par la Maison des arts de Créteil (Mac) les 20 et 21 avril prochains. Régulièrement revisitée, cette formidable pièce de Molière a été écrite en 1669. Pourtant, trois siècles et demi plus tard, force est de constater que son propos n’a rien perdu de sa modernité. Transposée dans les années 60 par Macha Makeïeff, qui dirige depuis 2011 le théâtre national de Marseille La Criée, la comédie aborde les questions de l’emprise et du consentement. Hautement politique, cette pièce dénonce aussi l’hypocrisie qui gangrenait le 17e siècle.

 

Dans sa note d’intention parue à l’automne 2020, la metteuse en scène et femme de théâtre prolifique explique : “De toutes les pièces de Molière, Tartuffe est celle qui suscite une série d’émotions les plus singulières chez le spectateur. Au-delà de la dynamique d’une langue poétique, dans son rythme même, il y a dans Tartuffe tous les ingrédients d’un scénario de roman noir que je veux montrer avec le suspense et les rebondissements propres à ce genre d’intrigue : enjeux d’une famille bourgeoise aussi névrosée que nocive, parasite infiltré dans la maison qui prend le pouvoir sur les esprits et les corps, libertins et faux-dévots, clans qui s’affrontent, spoliation, chantage, détournement, arrestation, espionnage, prédations, abus de faiblesse, dossiers compromettants, fuite et arrestation… toute une affaire. La résolution – l’intervention du Prince – n’a rien d’artificiel parce que l’intrigue est avant tout politique, possédant la force d’un conte, d’une parabole qui va virer au cauchemar de famille, poursuit Macha Makeïeff. C’est ce récit qui m’intéresse, avec ses protagonistes à fleur de peau.”

 

Cette pièce de Molière avait plusieurs fois été interdite par Louis XIV, tant elle dénonçait avec véhémence plusieurs faits de société du 17e siècle : les “compagnies” qui régissaient les modes de vie de l’époque, l’influence de la religion sur l’éducation, ou encore les relations père-fille à travers le mariage forcé. Habilement mis en scène et transposé au siècle dernier, le Tartuffe de Macha Makeïeff est puissant, palpitant, chargé de non-dits. “Dans ce huis clos, la menace de celui qui est entré dans la maison, dont on parle et qu’on ne voit pas, les allers et venues inquiétantes de gens qui le traversent transforment le confortable salon bourgeois, plongé dans la pénombre et les sons étranges. Et la puissance malfaisante du discours inquisiteur s’infiltre…” Un spectacle drôle et intelligent qui saura vous tenir en haleine.

 

Tartuffe théorème, de Macha Makeïeff
Les 20 et 21 avril à 20h, dans la grande salle de la Mac. Plus d’infos et réservation sur www.maccreteil.com