Tic-Tac, un film 100% cristolien
Tic-Tac, un film 100 % cristolien

Conçu, produit et tourné à Créteil, Tic-Tac est l’aboutissement de trois ans de travail avec les jeunes de la MPT Haye aux Moines. Ce long-métrage associatif, piloté par le cinéaste et animateur de la MPT Wadi Laadam, suit Soan, un Cristolien de 20 ans souffrant de troubles obsessionnels qui rêve de partager sa musique sur scène.

 

Tic-Tac a vu le jour dans le cadre de la 2e édition de « Ma 6-T va créer », un dispositif de la MPT Haye aux Moines qui « a pour objectifs de sensibiliser et d’initier aux métiers du cinéma, de l’éducation à l’image, à l’écriture de scénario, en passant par la réalisation, la postproduction et jusqu’à la diffusion », explique Wadi Laadam, cinéaste et animateur à la MPT. Ce projet culturel et pédagogique a bénéficié du soutien financier de la Ville de Créteil, de la Caf 94, du Commissariat général à l’égalité des territoires, et du bailleur social Apes.

 

Au total, en trois ans de production, elle aura permis à une vingtaine de jeunes entre 20 et 35 ans, dont une partie en emploi précaire ou sans emploi, de vivre une expérience exceptionnelle. Qui plus est, une trentaine de jeunes supplémentaires ont pu y participer en cours de route, apportant chacun sa pierre à l’édifice.

 

Un véritable projet collectif…

 

Des participants de l’édition précédente et de nouvelles recrues ont constitué le groupe pour cette 2e édition, avec des jeunes hommes et femmes de différents quartiers de la ville. Le projet s’est construit autour d’une proposition de Wadi Laadam, inspirée par son expérience personnelle de jeune Cristolien passionné de culture urbaine et en situation de handicap. Autour de ce point de départ, les jeunes ont travaillé en atelier sur tous les aspects de l’écriture scénaristique… Chacun y a apporté du sien pour un script 100 % cristolien.


« Le personnage de Soan est inspiré par Joachim, un jeune pour qui le rap tient une place importante, explique Wadi. Joachim et les autres acteurs composant sa bande d’amis dans le film sont vraiment amis dans la vie et cela a insufflé une énergie particulière. Les difficultés de sociabilisation de Soan sont, par contre, le fruit d’un travail de construction du récit autour de ce personnage avec le co-scénariste Hakim Ayachine et d’une volonté commune de travailler sur le thème du handicap. »


En parallèle, des projections et analyses de films ainsi que des rencontres avec des professionnels du milieu ont permis d’aiguiller les jeunes et de leur ouvrir les coulisses d’un monde qui les intéresse, mais reste souvent assez hermétique.

 

Tic-Tac, un film 100 % cristolien

 

… accompagné par des professionnels

 

« Autant lors de la ‘prépa’ que pendant le tournage, les jeunes ont découvert tous les postes artistiques et techniques nécessaires à la réalisation d’un film, détaille Wadi. » Plusieurs professionnels ont aussi participé au projet, dont Bibi Naceri (La Mentale, Banlieue 13, Go Fast) et Lucia Passaniti (Ici tout commence) devant la caméra. Après le tournage, les jeunes ont pu participer à la phase de montage (image et son) dans le studio à la MPT Haye aux Moines. Une dernière étape est encore à accomplir : trouver un distributeur. Mais après l’avoir vu, impossible de ne pas imaginer que Tic-Tac saura conquérir les salles de France !


Après plusieurs années de travail et un résultat de qualité, au rendu vraiment professionnel, tous les jeunes ayant participé à ce projet en sont ressortis ravis. « C’est un vecteur qui nous a permis de capter la créativité, l’envie, le faire ensemble et de construire une réelle dynamique de groupe », conclut Wadi. Certains ont choisi de faire du cinéma leur carrière. Pour d’autres, cela a juste été une expérience enrichissante dans leur parcours. D’autres encore ont mis à profit les compétences qu’ils ont acquises afin de réaliser des clips pour leur musique. Et quand on leur pose la question, la réponse est unanime : ils n’attendent qu’une chose, une troisième édition !

 

Tic-Tac, un film 100 % cristolien

 

Interview

 

Joachim Boyadjian, 24 ans, acteur qui incarne le protagoniste Soan

 

Tic-Tac, un film 100% cristolien

Qu’est-ce qui t’a poussé à rejoindre ce projet ?

J’ai participé à la première édition du projet « Ma 6-T va créer » et j’ai eu un des premiers rôles dans le court métrage La Belle Saison, donc c’est tout naturellement que je me suis engagé dans ce projet de long-métrage.

Peux-tu dire quelques mots sur ton expérience et ce que tu en as retiré ?

J’ai d’abord eu la pression, parce que c’était la première fois que je participais à un film, et en plus là c’était un vrai rôle de composition, pas facile en réalité. Je n’y connaissais rien, et encore moins en technique, j’ai tenu bon, mais j’ai dû me battre pour tenir le rythme, c’était physique quand même. L’ambiance me plaît de plus en plus. À force de tourner, je me sens comme un poisson dans l’eau. J’ai hâte d’enchaîner, je n’attends que ça !

Quels moments t’ont le plus marqué ?

Il y en a plein, chaque jour avait ses moments de kiff ! Mais je dois dire que les scènes improvisées avec Lucia m’ont beaucoup plu, car là je me sentais vraiment acteur. J’ai beaucoup aimé aussi les scènes où je suis justement sur scène, dans une salle remplie de monde (des figurants) qui scande mon nom. Étant moi-même jeune rappeur, mais pas encore sous les feux des projecteurs, ça m’a bien fait rêver… Et les fins de journée après avoir fini et rangé tout le matos, quand on se réunissait à la MPT avec toute l’équipe pour débriefer et surtout décompresser, ce genre de moment, après une dure journée, est très important. On sent l’équipe unie et la bonne ambiance est là.

Quels sont tes projets pour la suite après cette expérience ?

Pour le moment je me consacre un peu à ma musique. Cette expérience m’a quand même poussé à réaliser moi-même mes clips, et du coup à les écrire. J’aime particulièrement l’écriture, le scénario c’est la discipline dans laquelle je me sens le plus à l’aise.

 

>> Tic-Tac – une production de la MPT Haye aux Moines à suivre sur Facebook.

 

Article de Créteil, Vivre Ensemble, février 2021, n°409