L'urbanisation cristolienne
Photo ancienne urbanisme

Située sur une plaine alluviale érodée par la Marne qui borde le bourg, la ville de Créteil est issue d’une succession de « grands coups de pièces urbaines » dont le puzzle est désormais en voie d’assemblage définitif.

En dehors de ses monuments-phare, l’église Saint-Christophe construite à partir du XIe siècle, le colombier du XIVe siècle et le château des Mèches entouré de son parc conçu au XIXe siècle, quatre grandes étapes architecturales caractérisent la ville : le vieux Créteil, la construction des quartiers des Bleuets, du Mont-Mesly et les deux tranches de la nouvelle ville.

 

Alors que la plupart de nos contemporains se plaisent à célébrer le Nouveau Créteil, il convient tout d’abord d’attirer l’attention sur les premiers quartiers de la ville.


Eglise
Église Saint-Christophe


Autour de l’église Saint-Christophe et des bords de Marne, de nombreux lotissements pavillonnaires prennent place au début du XXe siècle. Néanmoins, le temps où Victor Hugo célébrait les lavandières du Bras-du-Chapitre et où Charles Ransonnette, d’un coup de crayon, rendait hommage aux maisons de banlieue est révolu. Cet univers pittoresque et romantique laisse aujourd’hui place aux promenades champêtres en famille et aux pêcheurs.

Jusqu’à la sortie de la Seconde guerre mondiale, Créteil ne connait pas encore la construction des grands ensembles. En 1927, la cité-jardin du Noyer Habru est réalisée. D’autres implantations de taille moyenne s’élèvent en périphérie des zones déjà construites. Celles-ci sont dites de « transit » avant l’implantation des grands ensembles.

 

Dans les années cinquante, la ville est encore peu urbanisée, les anciennes carrières et champignonnières du Mont-Mesly voient la construction d’immeubles de 5 à 8 niveaux ou de tours allant jusqu’à 11 étages, et dont la place centrale dite « Place de l’Abbaye » est agrémentée de jets d’eau et de sculptures. Ces 86 ha de périmètre édifiés entre 1956 et 1968 sont le fruit de l’imagination de l’architecte Gustave Stoskopf, qui verra  son nom associé par la suite à différents monuments de la ville, y prévoyant, comme dans les autres quartiers qui verront le jour, des équipements scolaires, culturels, religieux et commerciaux.

 Mont Mesly
Quartier du Mont-Mesly

 

« Quel bonheur de trouver ici un logement neuf, pas trop cher à l’achat et dans un cadre campagnard ! En outre, la capitale restait à proximité ! », témoigne Laurence Farès (Carnet de voyage n°3, septembre 2004).


Le Nouveau Créteil a transformé la ville en «capitale départementale»

 

« La cité sera le témoin d’une nouvelle condition humaine, une cité d’espérance annonciatrice d’un modèle de cité future », déclara le général Pierre Billotte, élu maire de Créteil en 1965.

 

Sous l’influence de son élu, la ville est désignée Chef-lieu du département du Val-de-Marne en 1966. Cette nomination annonce des travaux de grande ampleur pour faire de la ville non pas une cité administrative mais « une capitale départementale » aux nombreux équipements (hôpital, université, maison des arts, maisons des jeunes et de la culture, hôtel de ville, préfecture, palais de justice, poste, centre commercial régional, crèches, métro, cathédrale, voies express etc). C’est l’acte de naissance du Nouveau Créteil.

 

Maison des Arts en construction

 

Cette entreprise s’effectue en deux tranches, symboles toutes deux d’une définition singulière de « vivre la ville ». La première tranche se construit entre 1969 et 1977, la seconde à partir de 1980. La première est conçue dans le cadre d’une ZUP, autour des quartiers de la Croix-des-Mèches, de la Haye-aux-Moines, du Montaigut, du Palais, de la Lévrière, du quartier de la Préfecture, de la Brèche, du nouveau centre ville et de « Créteil-L’Echat ». À chaque quartier, son architecte mais à chaque quartier une organisation dite en « zoning » : un espace pour vivre, un espace pour travailler, un espace pour les loisirs. Autour de chacun d’entre eux, un réseau de voies qui les délimite.

Dans un élan quasi ostentatoire, les immeubles poussent vers les hautes sphères avec le concours de la SEMAEC, Société d’économie mixte d’aménagement et d’équipement de Créteil créée en 1966. Ancien lieu-dit du Mont-Mesly, les Montaiguts, imaginés par l’architecte Stoskopf, proposent aux promeneurs des « immeubles annulaires» dont le gigantisme n’est pas sans rappeler le Colisée, à une différence près qu’en son centre, l’architecte Stoskopf imagine de légères dénivellations pour le jardin, des montagnes pour les enfants, et fait du ruisseau une « nouvelle rivière enchantée ».

 

Derrière l’Université, les « Choux » de Gérard Grandval et de Louis de Hoym de Marien s’élèvent tels des bouquets…de dahlias. Construits par le maître de l’architecture végétale, ces immeubles ont fait le tour du monde tandis que le grand public s’en désintéressa.

 

Les "Choux"

 

Ces deux ensembles architecturaux font figure d’exception puisqu’ils rompent avec les traditionnels immeubles barres ou tours des autres quartiers de cette première tranche.


Dès 1978, la création de l'Atelier Public d'Urbanisme (APU) a permis d'associer les Cristoliens aux décisions urbanistiques
« Nous venons de voir l’une des réalisations les plus importantes de France, indiscutablement… », déclara André Malraux après sa visite de la ville en 1977. En Allemagne de l’Ouest, on parle alors d’une « ville de rêve ». Cependant, c’est autour du slogan « Votre ville, c’est votre vie » remettant toute cette entreprise en question que Laurent Cathala gagne les élections municipales en 1977. Favorable à une urbanisation concertée, il crée l’Atelier Public d’Urbanisme (APU) de Créteil dès 1978, permettant d’associer les habitants aux décisions urbanistiques.

 

Les grands ensembles laissent place à un habitat au « ras du sol », les voies rapides à des rues. La deuxième tranche s’annonce de taille humaine. S’articulant entre les travaux de réhabilitation des anciens quartiers à partir des années 1980, la seconde tranche s’étend autour du lac artificiel.

 

Les quartiers de la Côte d’Or, des Coteaux du Sud, de l’Ormetteau, du Port, de la Source et des Coteaux des Sarrazins au sud-est de la ville participent à la mise en place de « passerelles » avec le quartier du Mont-Mesly.

 

Quartier du Port


Concentrées autour de parcs urbains, des habitations de 4 à 6 étages et munies d’un toit afin de leur donner l’allure d’une maison, des habitats collectifs et individuels s’articulent aussi autour de fontaines, de cascades ou encore le long du canal artificiel de l’avenue François Mitterrand où une statue de l’Homme en compagnie de son chien Baltic veille sur les promeneurs et la Galerie d’Art.

Ces passerelles faussement naturelles nous amènent vers le lac et surtout vers le quartier de la Source imaginé par « l’architecte méditerranéen » Fernand Pouillon. Ce quartier qui prend « sa source » dans les méandres urbains du Mont-Mesly est souvent qualifié de pastiche. Sa place et ses arcades nous rappellent les villes côtières du Sud de la France, transformant le lac en mer méditerranée.

Désormais, venant clore un chantier entrepris voilà quarante ans, la construction de la ZAC de la Pointe du lac met fin à l’expansion urbaine de Créteil. Entre le CD 60 et le sud de l'île de loisirs, on y contruit progressivement des logements sociaux et en accession à la propriété couverts de bois et dotés de terrasses, une annexe de l’Université, des équipements sportifs...Par ailleurs, la ligne de métro n°8 Balard-Créteil-Préfecture a été prolongée jusqu'au quartier de la Pointe du lac. La station (et terminus de la ligne) « Créteil-Pointe-du-Lac » a été inaugurée le 8 octobre 2011.

 

Quartier de la Pointe du lac

 

Alors que l’ambition de la ville était de devenir, il y a trente ans, un « musée de l’architecture contemporaine » ou encore « un village-expo de l’habitat collectif », on peut considérer que le pari est tenu ; œuvre de grands artistes, la ville souhaite devenir aujourd’hui une cité touristique riche de ses monuments et réalisations architecturales allant du XIe au XXIe siècle.