AVC : des réflexes précis pour agir vite !
Première cause de handicap neurologique, l’AVC, ou accident vasculaire-cérébral, requiert une prise en charge en urgence. Pour limiter les séquelles, réagir sans attendre est capital.

 

photo de la journée mondiale des avc

La prise en charge, chaque année, de plus de 700 AVC à l'hôpital Henri-Mondor a été soulignée lors de la Journée mondiale des accidents vasculaires-cérébraux 

 

“Chaque minute compte” : s’il n’y avait qu’un message à retenir s’agissant du traitement des AVC, accidents vasculaires-cérébraux, ce serait incontestablement celui-là. C’est ce que n’ont pas manqué d’affirmer avec insistance les équipes médicales du centre hospitalier universitaire (CHU) Henri-Mondor, le 29 octobre 2015, lors d’une conférence grand public. Donnée à l’occasion de la Journée mondiale de l’AVC, “cette rencontre devait permettre de sensibiliser la population, afin que la nécessaire prise en charge urgente soit accessible à tous les usagers, comme elle l’a été par le passé pour les accidents cardiaques”, souligne le professeur Hassan Hosseini, responsable de l’unité neuro-vasculaire à Mondor.

 

L’AVC est un accident vasculaire ou une attaque cérébrale qui se produit lorsqu’une partie du cerveau est brusquement privée de sang. Il existe deux types d’AVC : l’AVC ischémique (80% des cas), lorsqu’un vaisseau sanguin est bouché, et l’AVC hémorragique, quand un vaisseau sanguin se rompt. Dans les deux cas, les symptômes sont souvent les mêmes : une faiblesse ou un engourdissement d’un côté du corps, une paralysie du bras, du visage (déformation de la bouche), et parfois une difficulté à parler et/ou des troubles de l’équilibre ou de la vision. “Mêmes transitoires (30 secondes ou une minute), ces signes d’un AVC doivent amener à réagir”, insiste le professeur Hosseini.

 

Réagir vite pour diminuer les séquelles

 

Et réagir, c’est d’abord composer le 15. Sans attendre. Ce réflexe est, en effet, absolument salvateur : “Le maillon faible pour ce syndrome, qui constitue une urgence neurologique, est souvent dans l’alerte. Deux AVC sur trois échappent à la régulation du 15 et les personnes atteintes se présentent à l’hôpital par d’autres moyens, souvent avec un retard considérable. Seuls 50% des accidentés vasculo-cérébraux parviennent à l’hôpital dans les trois heures qui suivent l’apparition des symptômes. Résultat : si 15% des AVC sont thrombolysables* (seul traitement curatif actuel), seuls 5% des patients sont effectivement thrombolysés en raison de délais de prise en charge trop longs (supérieurs à trois heures).” L’admission, à la phase aiguë, dans une unité neuro-vasculaire – comme il en existe à l’hôpital Mondor – est donc cruciale et détermine le pronostic de la maladie. “Réagir vite, c’est diminuer les séquelles motrices, sensorielles ou cognitives et, in fine, limiter le handicap autant que faire se peut.”

 

En attendant les secours, un médecin régulateur du centre 15 prodigue les premiers conseils. Généralement, la conduite à tenir consiste à allonger la personne à plat sur le dos, avec un oreiller sous la tête et la laisser dans cette position jusqu’à l’arrivée des secours. Pensez également à bien noter l’heure où les premiers signes sont apparus, ou le moment où la personne a été vue pour la dernière fois sans signe apparent. Ne donner ni à boire ni à manger, ni aucun médicament.

 

Une prise en charge pluridisciplinaire

 

Chaque année, plus de 700 AVC sont pris en charge au CHU Mondor. Avec une activité croissante, l’hôpital fait, en effet, partie d’une des 18 unités de soins intensifs neuro-vasculaires (stroke center) d’Île-de-France. Située au troisième étage, l’unité du professeur Hosseini dispose de 7 lits pour soins intensifs neurologiques (USINV) et de 18 lits pour soins post-aigus (UNV). La prise en charge aiguë de ces patients nécessite une excellente coordination entre la neurologie, le service de neuroradiologie et le service des hémostases. Une procédure de coordination de ces prises en charge existe depuis l’ouverture du stroke center. Les patients ayant une suspicion d’AVC sont ainsi accueillis 24h/24 directement dans cette unité et sans passage par les urgences, via une régulation du Samu et des sapeurs-pompiers. Généralement, ils passeront une IRM (imagerie neuroradiologique), afin que soient assurés, si besoin, des gestes interventionnels et endo-vasculaires.

 

Pour optimiser les chances de récupération des patients, la prise en charge pluridisciplinaire des accidents vasculaires-cérébraux se poursuivra ensuite avec les services de soins de suite et de réadaptation motrice et cognitive. Dernier conseil : “S’il n’y a pas de prévention des AVC, on peut toutefois limiter les facteurs de risques : traiter l’hypertension, faire une activité physique quotidienne, avoir un régime sain, sans tabac, ni alcool.”

 

* La thrombolyse consiste à désagréger les caillots sanguins obstruant les vaisseaux.

 

Trois questions à… Professeur Hassan Hosseini, responsable de l’unité neuro-vasculaire à l’hôpital Mondor

 

photo de hassan hoceini

 

Le 29 octobre dernier, l’hôpital a organisé une conférence à l’occasion de la Journée mondiale de l’AVC. Pourquoi ?

 

Parce qu’il s’agit d’une maladie fréquente, qui touche 15 millions de personnes dans le monde, chaque année. En France, cela représente 150 000 nouveaux cas par an. C’est aussi une maladie grave : première cause de handicap, c’est la deuxième cause de démence et la troisième cause de mortalité. On compte un AVC toutes les quatre minutes : 50% d’entre eux sont évitables par la prévention. Cette rencontre avait donc pour objectif de sensibiliser le public, afin que la nécessaire prise en charge urgente soit accessible à tous les usagers, comme elle l’a été par le passé pour les accidents cardiaques.

 

Pourquoi dit-on qu’en cas d’accident cérébral, “chaque minute compte” ?

 

Parce qu’il s’agit d’une urgence neurologique ! Le facteur temps est capital pour l’administration éventuelle d’une thrombolyse, qui sera impossible après les premières heures post-AVC, et qui permet de réduire le handicap. La mortalité diminue, en effet, de 30% avec un diagnostic rapide et une prise en charge précoce.

 

Quels sont les symptômes précurseurs d’un AVC ?

 

Essentiellement, un mal de tête inhabituel, une paralysie, une lourdeur ou la perte de sensibilité d’un membre, voire, dans certains cas, des troubles de l’équilibre ou du langage.

 

Article de Créteil, Vivre Ensemble, décembre 2015, n°357