Exposition-installation : restitution du projet "Apparition-Disparition"
Photo de dos et de face d'une jeune en mouvement devant une tour d'immeuble

© Valérie Frossard

 

Invités en résidence à Créteil, dans le cadre de la mise en place du Contrat local d’éducation artistique (Cléa), la Compagnie Mood/RV6K et son chorégraphe, Hervé Sika, restitueront le travail réalisé avec les habitants lors d’une exposition-installation qui se tiendra à la médiathèque de l’Abbaye-Nelson Mandela du 1er au 9 avril 2016.

 

Hervé Sika est un jeune danseur et chorégraphe. “Je suis issu de la danse hip-hop, glisse-t-il. Devenir chorégraphe m’a permis de continuer à faire ce qui me tient à cœur, du hip-hop.” Il a fondé sa compagnie, Mood/RV6K, en 2006. “On développe notre action autour de trois axes, poursuit-il. La création de spectacles chorégraphiques, les actions artistiques autour des créations et la transmission de la danse hip-hop au sein des conservatoires.” À chaque fois, le chorégraphe poursuit plusieurs objectifs. “Pour moi, faire du hip-hop passe principalement par la rencontre avec l’autre”, déclare-t-il.

 

C’est également rompre les barrières de l’accès à l’art et à la culture ou bien encore franchir les frontières, que celles-ci soient géographiques, sociales, culturelles ou artistiques. Par exemple, en 2012, dans son spectacle Être Chocolat, inspiré par la vie du premier clown noir de la scène française, il a permis à neuf apprentis de l’Académie Fratellini de dépasser les frontières de leur discipline. Privés d’agrès, les jeunes circassiens ont dû se contenter de leur corps, comme seul outil de travail. “J’avais envie de leur montrer qu’il n’y avait pas que les agrès, explique le chorégraphe. Ils ont un corps qui danse, qui respire, des sensations, des choses à raconter.”

 

Depuis le début de l’année, Hervé Sika est en résidence à Créteil, dans le cadre d’un Cléa (contrat local d’éducation artistique). Ce dispositif, proposé par la Ville, avec le soutien de la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) d’Île-de-France, et en partenariat avec le Centre chorégraphique national (CCN) de Créteil, met en relation un artiste en résidence et les habitants d’un ou plusieurs quartiers. Ensemble, ils doivent mener un projet artistique, à valeur éducative, sur un temps donné. Le chorégraphe insiste sur la notion de “collaboration”, enjeu majeur de la démarche. “Un artiste en résidence n’est pas seul. Il mène son projet avec des partenaires locaux et avec une équipe artistique.”

 

Ainsi, dès le mois de novembre, Hervé a rencontré les différents acteurs locaux (MPT des Bleuets-Bordières, Maison de la Solidarité, Cafés des parents des collèges Laplace et Schweitzer, services Jeunesse et Enfance-loisirs de la Ville, médiathèque de l’Abbaye-Nelson Mandela) pour une phase d’appropriation du territoire et de ses dispositifs, guidée par la direction de la Culture et le CCN. Autre acteur important du projet, Valérie Frossard, photographe-plasticienne, qui constitue, avec Hervé Sika, l’équipe artistique. Ensemble, depuis le mois de janvier, ils sont partis à la rencontre des habitants. “L’idée de base du projet «Apparition-Disparition», déclare le chorégraphe, est de partir à la rencontre d’une ville et de ses habitants afin de leur proposer de vivre ensemble une expérience inédite et collective, faite d’images et de paroles collectées, d’avis partagés.” Il s’agit aussi, poursuit-il, “d’avoir une mémoire, une trace de la rencontre, via un matériau numérique, en l’occurrence la photo et la vidéo, qui permettent d’arrêter un instant, d’avoir le souvenir de ce que l’on a partagé.”

 

Photo d'un artiste avec des jeunes à la médiathèque

Les 10 et 17 février, Hervé Sika et un groupe d'adolescents
sont allés à la rencontre des lecteurs de la médiathèque Nelson Mandela

pour collecter des citations.

 

Concrètement, le projet “Apparition-Disparition” passe par trois phases. La première consiste en un travail d’écriture qui sera ensuite remobilisé lors de séances de prises de vues photographiques et vidéo avant d’être restitué sous la forme d’une exposition. “En fait, précise le chorégraphe, les trois étapes sont poreuses. Nous passons aussi bien de l’écriture à la danse qu’au numérique ; nous ne séparons pas les médias mais travaillons à la pluridisciplinarité des interventions.”

 

Ainsi, les 10 et 17 février, Hervé est intervenu à la médiathèque Mandela pour collecter des citations. Accompagné d’un groupe d’adolescents, il est allé à la rencontre des lecteurs et les a invités à proposer des citations. La matinée du 11 mars, il se rendra au marché du Mont-Mesly avec des adultes fréquentant les Cafés des parents et la photographe Valérie Frossard afin de passer à la deuxième phase du projet, la mise en images. Enfin, du 1er au 9 avril, la médiathèque de l’Abbaye-Nelson Mandela accueillera une exposition restituant cette aventure artistique. Elle prendra, notamment, la forme d’installations composées d’images, de sons et de vidéos. Ce temps fort sera la dernière “apparition” d’Hervé Sika avant sa “disparation” et sa “migration” vers d’autres horizons.