Favoriser la biodiversité

Les massifs saisonniers plantés au mois de mai vont dévoiler leur beauté tout au long de l’été de même que les prairies naturelles. Dans ce monde végétal, évolue une faune à laquelle on prête peu attention, mais dont le rôle est primordial.

 

photo d'un tracteur

 

Pendant tout le mois de mai, les jardiniers se sont activés pour remplacer les fleurs de printemps, telles les tulipes, narcisses, jacinthes ou myosotis par des fleurs adaptées à l’été.

 

Roses d’Inde, oeillets, impatiences ou lobelias ont ainsi pris place dans les massifs aux côtés des “structures végétales extraordinaires”, thème du fleurissement estival orchestré par les jardiniers de la Ville.

 

Pour une composition harmonieuse, des fleurs aux reflets éclatants cohabitent avec des sujets aux tons pastels. Les massifs comportent également des plantes vivaces. “Aujourd’hui, les jardiniers introduisent de plus en plus de plantes vivaces, c’est-à-dire pérennes, y sont systématiquement intégrées. C’est ce que l’on appelle le fleurissement différencié”, explique Nicole Geniez, directrice adjointe du service des Parcs et Jardins. L’intérêt des vivaces est que, chaque année, elles refleurissent et constituent une riche source de pollen et de nectar pour les insectes pollinisateurs. “On les qualifie également, précise Nicole Geniez, de plante hôte ou nourri­cière.” “Ces plantes permettent d’attirer des insectes «auxiliaires» du jardinier”, poursuit Raoul Petit, responsable de la gestion différenciée et de la biodiversité aux Parcs et Jardins.

 

Il s’agit de “drôles de petites bêtes”, comme dirait l’écrivain et illustrateur Antoon Krings, qui aident les jardiniers à réguler les populations d’insectes ravageurs, tels les pucerons. La belle coccinelle est la figure emblématique de ce jardinage bio. Le service des Parcs et Jardins a d’ailleurs renforcé les populations naturelles en lâchant des larves en 2010 et 2011.

 

Ne nourissez pas les oiseaux !

Le pain, les biscuits, les chips, les biscottes et autres aliments raffinés sont néfastes pour les oiseaux à plusieurs titres :

  • ils sont à l’origine d’une surpopulation qui favorise la propagation de maladies et parasites ;
  • ils rendent les oiseaux sauvages dépendants de l’homme et leur font perdre leur instinct de recherche de nourriture et de migration ;
  • ils polluent le milieu aquatique (toute la nourriture n’étant pas consommée) et favorisent la présence d’espèces prédatrices comme le rat qui s’attaque aux oeufs et aux couvées.

 

Les auxiliaires du jardinier

 

Mais aujourd’hui, grâce à la multiplication des plantes hôtes et à l’abandon des insecticides, la “bête à bon dieu” a trouvé un milieu favorable qui lui permet de se reproduire naturellement. C’est le cas aussi pour la chrysope, communément appelée la demoiselle aux yeux verts, que des entomologistes du XVIIIe siècle avait surnommée le “lion des pucerons”. Quant à la reine des pollinisatrices, l’abeille, qui participe à la fructification des végétaux en transportant le pollen de fleur en fleur, elle trouve refuge en ville car les populations ne cessent de décroître près des cultures intensives.

 

À l’instar de la Ville qui, par convention avec le groupement syndical Apicole du Val-de-Marne, a installé trois ruches dans le parc Dupeyroux entre 2009 et 2010, le Conseil général et le Conseil régional ont inauguré cinq ruches à la Base de loisirs, le 6 avril dernier. L’une d’elles, à vocation pédagogique, sera gérée par l’association Nature & Société en collaboration avec l’Union nationale de l’apiculture française.

 

Avec sa diversité végétale et ses prairies naturelles à proximité du lycée Léon-Blum, la Base de loisirs constitue une aire de butinage idéale pour les abeilles de ces cinq nouvelles ruches.L’absence d’utilisation d’insecticide participant largement à rendre ces lieux accueillants pour le plus célèbre des hyménoptères comme pour les autres auxiliaires du jardinier. “On a abandonné les insecticides en 2007, glisse Raoul Petit.

 

En revanche, on continue à utiliser des herbicides, en très faible quantité, pour lutter contre certaines plantes indésirables ou invasives.”

 

Et Nicole Geniez d’ajouter : “Dans les villes nouvelles, des milliers de mètres cubes de terre ont été déplacés pour les aménagements urbains. Ces travaux déstructurent le sol. Pour le restructurer, une flore pionnière, constituée de chardons et liserons notamment, se développe spontanément.” Mais cette flore ne fait pas le bonheur des adeptes du pique-nique ni celui des footballeurs en herbe non plus que des esthètes. Le service des Parcs et Jardins essaie donc de trouver des solutions pour réduire la pression des plantes pionnières et revitaliser le sol sans leur aide et sans engrais chimique.

 

Revitaliser les sols et attirer les oiseaux

 

Le “mulching” est l’une des solutions retenues. Il s’agit d’une technique de tonte des pelouses sans ramassage de l’herbe, qui, coupée en fines particules, fait office de paillis nutritif. La culture d’engrais verts, comme l’avoine ou la moutarde, est une autre solution mise en oeuvre. “Le chevelu racinaire de l’avoine refragmente le sol, ce qui facilite les échanges gazeux et donc favorise le développement de la végétation”, explique Raoul Petit. Parmi les stratégies employées, il faut également mentionner le paillage des pieds d’arbres et arbustes avec les déchets organiques du broyage des branches élaguées.

 

Ce paillage maintient l’eau dans le sol et en améliore la structure en créant un milieu favorable au développement de la vie souterraine.

 

Enfin, le maintien sur site d’arbres morts ou de souches, quand cela est possible, participe à la revitalisation de cette vie souterraine et s’avère bénéfique pour les oiseaux ou insectes qui colonisent les troncs. Au bord du lac, par exemple, cette méthode fait le bonheur des oiseaux friands d’insectes xylophages comme le grimpereau dont la présence a été relevée par des photographes et ornithologues amateurs.

 

photo d'oiseaux

Végétarienne la bernache du Canada apprécie les plantes herbacées

 

D’autres oiseaux cavernicoles, comme la mésange charbonnière ou la mésange bleue, sont plus facilement observables. Ces espèces, qui étaient confrontées à des difficultés de nidification, disposent, depuis 2010, de 66 nichoirs installés à la demande de la Ville par la Ligue de protection des oiseaux (LPO) dans divers espaces verts de la commune, notamment au parc Dupeyroux où se déroulera la manifestation Parcs et Jardins en fête les 14 et 15 septembre prochains.

 

Cette stratégie, qui redonne pleinement leur place à des oiseaux consommateurs de chenilles et autres insectes, ouvre au Cristoliens les portes d’un écosystème à la biodiversité riche et insoupçonnée dont le fleurissement estival exalte la beauté.