Interview : Kevin Lélé-Sadjo prend la ceinture européenne
Kevin Lélé-Sadjo

© Flash’Line - Kevin Lélé-Sadjo et son coach Benjamin Gomis.

 

Kevin Lélé-Sadjo, dit « Tonton », a grandi à Créteil, où il habite et travaille toujours. Sa pugnacité et sa rapide ascension en boxe anglaise ont permis à celui que l’on surnomme Le Phénomène, catégorie des super-moyens (-76 kg), de décrocher la ceinture européenne (EBU, European Boxing Union) le 18 décembre 2021. Prochain objectif, un titre mondial dans l’une des 4 ceintures !

 

Kevin Lélé-SadjoQuand et pourquoi avez-vous commencé la boxe anglaise ?
Kevin Lélé-Sadjo. Quand je suis parti du Cameroun avec ma famille à l’âge de 10 ans, nous sommes arrivés à Créteil. J’y ai fait toute ma scolarité, de l’école élémentaire Chateaubriand au lycée Léon Blum en passant par le collège Issaurat. Puis, bien sûr, la fac de Créteil. Vers l’âge de 12-13 ans, je me suis inscrit au foot à l’US Créteil. J’ai grandi dans le quartier du Palais, et, gamin, il m’arrivait parfois d’être un peu bagarreur. Et un jour, j’ai accompagné un ami qui faisait de la boxe à Saint-Maur. Cela m’a plu tout de suite. J’ai pu canaliser mon besoin de me dépenser et j’y ai surtout trouvé des valeurs comme le respect, la confiance et le dépassement de soi. Maintenant, mes seuls combats sont sur le ring !

 

Si vous deviez évoquer votre parcours, quelle histoire raconteriez-vous ?
KLS. J’ai 23 ans quand j’enfile les gants de boxe pour la première fois. C’est tard. Je n’ai pas fait le parcours classique qui est de passer par la boxe éducative. En amateur, j’ai 45 combats dont 40 victoires. En 2016, à 26 ans, je suis vice-champion de France amateur au Cirque d’hiver. L’année d’après, je deviens champion de France amateur des mi-lourds à Toulouse. Puis je passe professionnel. Et en janvier 2018, à Levallois-Perret, je deviens champion de France pro à mon 5e combat chez les professionnels. Un authentique exploit !


En juillet 2019, j’intègre le top 10 français après une victoire contre un boxeur argentin. Fin 2019, je dispute un nouveau combat intercontinental face à un Argentin. Avec le Covid, les matchs se font plus rares, mais j’emporte un succès aux points unanime contre le n°1 espagnol fin 2020.

 

En juillet 2021, je fais un combat de reprise, de nouveau contre un Argentin. Et puis, le 18 décembre dernier, à Manchester, c’est la ceinture européenne. Une belle récompense face à Jack Cullen, un géant (1m91).

 

Kevin Lélé-SadjoQue représente pour vous Créteil ?
KLS. Je suis tellement fier d’être cristolien. Créteil, c’est une ville où l’on se sent bien, dyna-mique et sportive. J’y ai grandi, je continue d’y vivre, j’y ai ma famille et mes amis, je suis très attaché à la Ville.

 

Quel est votre plus beau souvenir ?
KLS. Je suis heureux d’être champion d’Europe, mais mon plus beau souvenir, c’est en janvier 2018 à Levallois, quand j’ai remporté le titre national professionnel en super-moyen en détrônant Shamil Ismailov au 4e round. Cette victoire et ce titre ont été pour moi le début de ma carrière, la porte qui s’ouvre sur les championnats internationaux. Ce titre européen est une immense joie. Battre l’Anglais dans la Manchester Arena, devant 25 000 spectateurs tous acquis à sa cause, c’était aussi extraordinaire.

 

Kevin Lélé-SadjoComment voyez-vous la suite de votre carrière ?
KLS. Mon rêve? Défendre ma ceinture à Créteil, au Palais des sports. Une façon à moi de remercier mes supporters et de porter les couleurs de la ville. J’ai envie aussi de boxer au Madison Square Garden, à New York, une salle mythique. Ce sont des challenges qui me tiennent à cœur. Je me donne encore deux ans pour remporter une ceinture mondiale et écrire une belle page d’histoire !

 

Avez-vous déjà pensé à l’après-boxe ?
KLS. En plus de la boxe professionnelle, j’ai fait des études et passé une licence AEI (administration des échanges internationaux) à l’Upec. J’ai ouvert un restaurant à Créteil, Wok Eat, dans le quartier universitaire. Un concept que j’ai ramené d’un voyage avec l’équipe de France et qui consiste à faire des plats asiatiques cuits au wok. Une vraie restauration rapide de qualité ! Je réfléchis aussi à un projet avec les jeunes qui ont une forte demande pour pratiquer la boxe anglaise.

 

Les 4 ceintures mondiales, c’est quoi ?
Il existe quatre associations internationales de boxe anglaise au sein desquelles seuls les boxeurs professionnels peuvent se rencontrer. Chaque association sacre un champion du monde. La réunification consiste à remporter le titre de champion du monde dans les quatre compétitions…

 

Article de Créteil, Vivre Ensemble, février 2022, n°419

Kevin Lélé-Sadjo1m73, 76 kg, né le 6 avril 1990 à Yaoundé (Cameroun)

 

  • 45 combats amateurs (40 victoires, 1 nul, 4 défaites)
  • 17 combats professionnels (17 victoires, 0 défaite)
  • 2016 : vice-champion de France.
  • 2017 : champion de France.
  • 2018 : champion de France.
  • 2021 : champion d’Europe (EBU).