Mary-Ambre Moluh n’a que 18 ans, mais elle vise déjà une sélection en équipe de France pour les Jeux olympiques de Paris 2024 en individuel et par équipes. Dernière étape pour décrocher son ticket : les championnats de France en juin. Si la concurrence est rude, la sirène des bassins de Créteil est confiante et sereine.

Vivre ensemble : il y a deux ans, vous déclariez au magazine Vivre ensemble “Mon objectif à moyen terme, ce sont les Jeux olympiques de Paris 2024.” À moins de trois mois de leur ouverture, comment abordez-vous ces Jeux de Paris ?
Mary-Ambre Moluh. Il faut d’abord se qualifier en juin ! Pour l’instant, je suis assez sereine. J’ai confiance dans la préparation que l’on est en train de faire avec mon entraîneur, Michel Chrétien, à l’Insep [Institut national du sport, de l’expertise et de la performance, NDLR]. Tout se passe bien, sans petit couac ni blessure. J’ai des temps encourageants par rapport à mes records personnels, à la concurrence et au temps de qualif’ qui est demandé pour les Jeux. Il y a une seule compétition pour décrocher sa place : les championnats de France !

“J’ai envie de rendre fier mes coachs, mes proches et moi-même.”

Comment vous sentez-vous en amont de ces championnats de France ?
C’est LE rendez-vous. Ils auront lieu à Chartres, au complexe de L’Odyssée, du 16 au 21 juin. Il ne faut pas se louper ou être malade, ça ne pardonne pas. Il faut nager vite, il n’y a pas le choix. J’ai deux objectifs : le 100 m dos et le 4 x 100 m nage libre (crawl). J’espère faire les Jeux en individuel. Cette année, nous sommes cinq filles pour deux places, quasi dans les mêmes temps, mais je suis sur la bonne voie ! Sur le relais, il y a 4 filles, mais 5 ou 6 peuvent être retenues. S’il y a de la pression, c’est pour moi-même. J’ai envie de réussir. J’ai envie de rendre fiers mes coachs, mes proches et aussi moi-même, pour tout le travail que je fournis chaque jour.

D’ici là, quel est votre programme ?
Je reviens d’un stage de préparation de 15 jours à Ténérife, en Espagne. Début mai, j’ai un meeting national à Lyon, puis j’enchaîne avec une étape du Mare Nostrum à Canet-en-Roussillon.

La natation est un sport exigeant.
Comment se passent les entraînements ?
Je m’entraîne 6 jours sur 7, deux fois par jour du lundi au vendredi et le samedi matin. En repos, j’ai le samedi après-midi et le dimanche. La journée-type, c’est un réveil à 6h30 pour être à la piscine vers 7h15, puis débuter l’entraînement dans l’eau vers 7h30. Je nage deux heures, de 5 à 7 km selon la période. Lundi, mercredi et vendredi, je fais 1h30 de musculation de 15h30 à 17h avant d’enchaîner avec 1h30 de natation supplémentaire. Le mardi et jeudi, je fais 30 minutes en salle de préparation physique généralisée pour travailler la préparation articulaire

et musculaire du corps, mais aussi les réflexes. Les exercices changent souvent, ce n’est jamais long et c’est beaucoup de plaisir !

Faites-vous une préparation mentale ?
Je vois une psychologue-préparatrice mentale une fois par semaine. Il y a des exercices pour se recentrer sur soi-même. Pour ma part, je n’ai pas besoin de visualisation ou de faire de la sophrologie. Avec ma coach mentale, c’est vraiment de l’échange. Elle m’aiguille pour être à cent pour cent à l’entraînement tout au long de l’année et ne pas avoir de petit couac mental le jour J.

Avez-vous pris des billets pour les JO à votre famille ou vos proches ?
En tant que sportifs, on aurait deux places par la Fédération et quatre par le Comité national olympique et sportif français les jours où l’on nage. C’est en tout cas ce qui est prévu, mais on attend de voir… Nos épreuves sont du 27 juillet au 4 août. Les nageurs ne participent pas à la cérémonie d’ouverture, mais je ne sais pas si c’est une frustration, car je n’ai jamais connu la ferveur d’une cérémonie.

Vous êtes sportive de haut niveau.
Pouvez-vous déjà en vivre ?
Je reçois une aide de la Fédération française de natation, car je suis inscrite sur la liste des sportifs français de haut niveau. J’ai aussi un sponsor et bien sûr la Ville de Créteil qui m’aide. C’est précieux.

En dehors de la natation, quels sont vos loisirs, vos études ?
En ce moment, je passe mon permis de conduire. C’est très important pour moi. Les sorties, c’est surtout avec ma famille. Je vois aussi mes copines de l’Insep qui sont un peu éparpillées dans toute la France. Je garde mon énergie pour mon sport. J’ai arrêté ma formation Staps, mais l’année prochaine, je partirai à l’université de Berkeley, en Californie.

Mary-Ambre MoluhNée le 9 septembre 2005 à Champigny-sur-Marne. 1m76.
Spécialités : 50 et 100 m dos et nage libre.
Record personnel :
50 m dos : 27”63 / 100 m dos : 59”67
50 m nage libre : 25”19 / 100 m nage libre : 54”48
Palmarès
2019 : championne de France junior 1 et 2 sur 50 m dos et vice-championne junior 1 et 2 sur 100 m dos.
2020 : vice-championne de France du 50 m et 3e du 100 m dos.
2021 : 15e des mondiaux en petit bassin sur 50 m dos, vice-championne d’Europe junior du 100 m dos et du relais 4 x 100 m 4 nages, vice-championne de France du 50 m et 3e du 100 m dos.
2022 : championne du monde petit bassin du relais 4 x 50 m nage libre, championne de France du 50 m dos, lauréate du 50 et 100 m dos au Golden Tour de Nice.
2023 : 3e du 100 m dos au championnat d’Europe petit bassin.