Jardins familiaux : les fruits de la passion...

Le succès des jardins familiaux ne se dément pas. Ceux de la rue des Vignes et de la rue des Caillotins, dans le quartier du Mont-Mesly, ne font pas exception. Édifiés en 2014 sur des terrains peu socialisés, ces jardins sont devenus un joli coin de nature au milieu des immeubles. Retour sur cette expérience et rencontre avec quelques habitants du quartier.

 

photo des jardins familiaux

 

Début octobre, la météo était encore très clémente, les températures douces et le soleil au beau fixe. Rue des Vignes, Mustapha fait l’aller-retour entre la fontaine à main, point d’eau collectif du jardin, et sa parcelle. Pendant ce temps, sa femme et l’un de ses fils binent leur terrain pour aérer la terre. Comme souvent, en fin d’après-midi, les flâneurs n’étaient pas rares dans l’allée centrale des jardins familiaux de la rue des Vignes. “Nous adorons nous promener ici”, explique Marie-Albertine, gardienne d’immeuble à la retraite, qui a l’habitude de venir en ces lieux avec son mari et un couple d’amis. “Dans mon enfance, au Portugal, j’habitais à la campagne et je participais aux travaux agricoles. En me promenant dans cette allée, je renoue un peu avec cette période de ma vie”, poursuit-elle.

 

photo des jardins familiaux

 

Les jardins familiaux, c’est la campagne à la ville. “Nous ne possédons pas de parcelle, mais il nous arrive d’aider une vieille dame qui en dispose d’une.” Ainsi, au-delà du plaisir d’être en contact avec la nature, les jardins sont aussi l’occasion de créer des liens avec les habitants du quartier. Un peu plus loin, dans les jardins de la rue des Caillotins, Henri et Sabine, lauréats du 1er Prix de la Ville au Concours des maisons et balcons fleuris et des jardins familiaux, témoignent dans le même sens.

 

Cultiver le lien social

 

“On a rapidement fait connaissance avec les autres locataires de parcelles”, explique Henri, qui a gardé une pointe d’accent des Landes dont il est originaire. Les locataires des jardins familiaux forment une communauté solidaire. “On discute beaucoup entre nous. On s’échange des graines, des plantes, mais aussi des conseils”, précise-t-il. Et des conseils, à Henri et sa femme Sabine, on a envie de leur en demander quand on remarque l’extraordinaire productivité de leur potager, et cela sans traitement chimique. Ces jardiniers amateurs ont l’art optimiser l’espace et d’associer les plantes. “Les plantes aromatiques me permettent d’assaisonner ou parfumer nos plats”, explique Sabine. “Mais ce sont aussi d’excellents insecticides, poursuit Henri.

 

photo des jardins familiaux

 

Elles repoussent les moustiques, les moucherons ou encore les mouches.” Menthe, verveine citronnelle, thym, persil, ciboulette et citronnelle ont ainsi été plantés en des endroits stratégiques pour protéger le potager des insectes nuisibles. Quelques plantes d’ornements aux mêmes vertus répulsives ont également été cultivées. “Les œillets d’Inde et la lavande embellissent notre jardin tout en préservant notre potager de certains ravageurs”, poursuit Henri. Dans le même registre, leur voisin Christophe, 1er Prix de la Ville au Concours l’an dernier, a opté pour les géraniums. Mais l’art d’associer les plantes ne fait pas tout. Pour que les plantes soient vigoureuses, il faut aussi que la terre soit bien travaillée.

 

Le goût du partage

 

Henri et Sabine ne bêchent pas la terre. Ils l’aèrent. “Avec le bêchage, expliquent-ils, on tue des vers de terre alors qu’ils sont nos meilleurs alliés pour aérer le sol. En retournant la terre, on fait également mourir une partie de la microfaune qui participe au maintien de sa qualité.” Henri et Sabine utilisent donc des techniques sans labour qui consistent à garder le sol couvert par des végétaux toute l’année avec les cultures et le paillage. “J’apporte aussi de l’engrais avec mon compost, précise Henri, et je fais cohabiter le maximum d’espèces différentes.” Outre les plantes potagères classiques (tomates, courgettes, pommes de terre, oignons…), le couple cultive des espèces oubliées (topinambour, blettes, chou noir…) ainsi que des végétaux exotiques (stévia d’Amérique du Sud, chayote ou christophine des Antilles, wasabia japonica…).

 

photo des jardins familiaux

Piments, courgettes, tomates cerises, betteraves et aubergines étaient encore abondants dans le jardin d'Henri et Sabine, en octobre 2016.

 

Pour produire une végétation si diverse, Henri passe beaucoup de temps à se documenter et à expérimenter. Mais cet investissement est largement compensé par le plaisir de pouvoir goûter au fruit de son travail, le partager avec ses enfants et amis. Un partage qui va au-delà du jardin familial puisque Sabine a ainsi aidé à la mise en place d’un jardin pédagogique à l’école Savignat en apportant graines et conseils.

 

Civisme et respect des plantations

Revers du succès des jardins familiaux mais aussi des espaces entretenus par le service des Parcs et Jardins de la Ville, des dégradations sont régulièrement signalées. Cabanons forcés, outils dérobés, jardins piétinés, cultures arrachées sont les actes de vandalisme les plus récurrents. Il est regrettable que les actes de quelques-uns portent préjudice aux efforts faits par tous pour améliorer le cadre de vie.

 

Les jardins familiaux à Créteil

La Ville met à disposition des particuliers 105 parcelles de jardins familiaux. Elles sont implantées dans le quartier des Bordières (38 parcelles), au Halage et avenue Laferrière (14), rue de Brie (4), rue du Petit-Bois (3), rue des Caillotins (10), rue des Vignes (24) et du côté de La Habette/Terray (12). Le loyer annuel est révisé tous les ans, par délibération du conseil municipal. En 2016, les loyers allaient de 78,80 € à 118,30 €. Près de 150 personnes sont sur liste d’attente. L’attribution se fait par ordre d’ancienneté sur cette liste.

 

photo des jardins familiaux

 

Un composteur pour votre jardin

 

Grand Paris Sud Est Avenir propose des composteurs aux particuliers justifiant d’une résidence principale sur le territoire. Ils sont attribués dans la limite des stocks disponibles. Pour obtenir un composteur, il faut contacter le service Environnement au 0800 138 391 (appel gratuit depuis un poste fixe) ou remplir le formulaire en ligne.

 

Article de Créteil, Vivre Ensemble, novembre 2016, n°366