La Ville rachète 2 752 logements à Icade

La Ville, par l’intermédiaire de son Office public de l’habitat (OPH), va racheter les 2 642 logements du Mont-Mesly et les 110 de Chéret qu’Icade a mis en vente à Créteil.

 

Objectifs

 

Reconventionner ces logements afin qu’ils réintègrent le secteur locatif social aidé, remettre en place une gestion de proximité, prendre en charge les rénovations urgentes, entretenir et améliorer les appartements et le cadre de vie des habitants, le tout sans augmenter les loyers.

 

Depuis l’annonce d’Icade de procéder à la vente de l’ensemble de son patrimoine immobilier en Île-de-France, et notamment les quelque 2 800 logements qu’elle possède à Créteil, la Municipalité a manifesté son indignation quant au procédé peu scrupuleux employé par un ancien bailleur social pour mettre en vente son patrimoine afin d’en tirer un profit maximum. Elle a également manifesté sa solidarité et sa préoccupation concernant le devenir de tout un quartier et des habitants qui y vivent.

 

Devant une situation qui n’a cessé de se dégrader ces dernières années sur le patrimoine d’Icade - situation publiquement dénoncée à plusieurs reprises par Laurent Cathala, député-maire - la Municipalité avait pris en charge le raccordement de ces immeubles au réseau de chauffage urbain de la ville ainsi que l’entretien des espaces verts. Elle avait ensuite entrepris de les intégrer aux grandes opérations de réhabilitation et de redynamisation urbaines.

 

En 2009, sous l’impulsion de la Ville, l’Office public de l’habitat s’est porté acquéreur des 270 logements de la place de l’Abbaye et, avec l’aide de la Semic et de la Communauté d’agglomération Plaine centrale, a bouclé un dossier global pour la rénovation des bâtiments et la construction d’une médiathèque.

 

Dans ce contexte, le rachat du reste du patrimoine d’Icade va permettre aujourd’hui d’envisager, en faveur des locataires de ces immeubles, un retour à une gestion de proximité qui n’aurait jamais dû faire défaut.

 

Une volonté de préserver ce patrimoine

 

Dans un premier temps, c’est à la Semic qu’il appartenait de faire des propositions pour acquérir ce patrimoine. Mais, in fine, il s’est avéré plus intéressant que ce soit l’OPH de Créteil qui fasse le montage financier.

 

En effet, si la Semic s’était portée acquéreur en tant que bailleur social, elle aurait bénéficié de prêts avantageux à longs termes, mais aurait dû, en revanche, s’acquitter de droits de mutation pour près de sept millions d’euros.

 

C’est pourquoi, c’est l’OPH de Créteil qui, exempté de frais de mutation, acquiert l’intégralité des logements vendus par Icade. Ainsi, les sept millions de frais de mutation économisés pourront être utilisés à la réhabilitation des logements.

 

De grandes disparités entre les logements

 

Deux plans de financements distincts ont été établis pour ces acquisitions : si les logements du Mont-Mesly, en effet, ont déjà été conventionnés, ceux de Chéret ne l’ont jamais été. L’établissement d’une étude sur les loyers (prix au mètre carré de surface utile) a été nécessaire et a montré de grandes disparités d’une adresse à l’autre. Ces disparités sont importantes car elles conditionnent globalement le prix et le cadre des prêts qui seront consentis à l’OPH pour le rachat de ces logements.

 

Sans entrer dans trop de détails, un classement par niveau moyen de loyer a été établi en tenant compte de deux critères importants : il n’y aura pas de hausse de loyers pour les locataires en place ; les augmentations de loyers des logements qui n’atteignent pas les plafonds actuels se feront uniquement lors des relocations. Enfin, les travaux lourds de réhabilitation, qui devront nécessairement être entrepris afin d’améliorer, entre autres, l’isolation thermique de ces bâtiments, seront engagés après étude approfondie et recherche d’aides financières spécifiques.

 

Un effort financier sans précédent

 

En tout état de cause, s’agissant du rachat des immeubles du Mont-Mesly, l’opération s’établit au prix moyen de 1 048 €/le mètre carré habitable (soit 59 976 € en moyenne par logement) pour un coût global de 158 457 000 €, dont 12 577 000 € de travaux de premières nécessités.

 

De son côté, l’opération Chéret, n’ayant jamais été conventionnée, présente un montage différent de celui du Mont-Mesly.

 

Celui-ci prévoit, notamment, le conventionnement des logements. Comme pour le Mont-Mesly, il n’y aura pas de hausse de loyers pour les locataires en place.

 

Les augmentations de loyers des logements qui n’atteignent pas les plafonds se feront lors des relocations. Le coût global du rachat des logements du quartier Chéret s’élève à 9 404 000 € dont 658 000 € de travaux de premières nécessités.

 

Cela donne un coût moyen de 1 517 € au mètre carré habitable, soit 85 494 € en moyenne par logement.

 

Pour financer ces deux opérations, l’OPH de Créteil mobilisera plusieurs types de prêts locatifs à vocation sociale (PLS, PLUS, PLAI), sur des durées autour de 40 ans.

 

Les travaux de premières nécessités seront engagés à l’issue d’une étude approfondie de chaque immeuble. Les locataires seront informés des différentes phases d’interventions qui seront décidées par l’Office public de l’habitat. Par la suite, si d’autres travaux de réhabilitation lourde s’avèrent nécessaires, ils seront financés et engagés de manière spécifique.  

 

Icade : une vocation sociale qui finit mal

 

Dans les années 1960, la SCIC (Société centrale immobilière de la Caisse des dépôts) est le plus gros bailleur social contrôlé par l’État. Filiale de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), elle construit, avec des fonds publics (livret A de la Caisse d’épargne en grande partie), des milliers de logements sociaux pour des familles aux revenus moyens et modestes.

 

A partir de 1983, pour réhabiliter son patrimoine, cette société a bénéficié d’importants crédits d’État et du soutien financier des collectivités locales. Par la suite, en 2000, la SCIC, devenue entre-temps Icade, entreprend le déconventionnement de tous ses logements. S’ensuivent des hausses quelquefois impressionnantes de loyers pour des logements qui, eux, vieillissent mal, faute de travaux d’entretien. En 2006, Icade est introduite en Bourse et la valeur de son patrimoine immobilier s’en trouve considérablement appréciée. Enfin, en décembre 2008, son directeur annonce la vente au plus offrant de l’ensemble de son pôle logements.

 

Conclusion

 

Pour que ces logements restent dans le parc locatif social en évitant toutes les dérives spéculatives, c’est aux bailleurs sociaux qu’il appartient aujourd’hui de racheter ce patrimoine pourtant déjà financé une première fois, il y a une quarantaine d’années, par des fonds publics !

 

Les immeubles concernés au Mont-Mesly

Les 2 642 logements du Mont-Mesly

  bât.    
adresses  
nbre logements
créteil 3
01 
30 à 44, rue du Porte-Dîner
80 lgts
02 
1 à 9, rue Madeleine-Pingot 50 lgts
51   1 à 9, impasse Blanchard 49 lgts
52
1 à 11, rue Henri-Martret
59 lgts
60  
59 à 65, avenue du Dr-Paul-Casalis   
40 lgts
61
2 à 8, impasse des Monteilleux  40 lgts
62      
2 à 8, impasse des Plantes 40 lgts
65  1 à 5, rue Berthold-Mahn 30 lgts
66     
1 à 9, rue du Docteur-Métivet 
50 lgts
67  39 à 57, avenue du Dr-Paul-Casalis  50 lgts
82 3 à 6 place du Petit-Bois
40 lgts
83 
1 à 3 place du Petit-Bois
18 lgts
85 
2 à 10, rue du Docteur-Métivet
80 lgts
86
  2 à 6, impasse Charles-Vildrac
54 lgts
créteil 4      
51 1, rue Édouard-Vuillard
52 lgts
53 3 à 7, rue Édouard-Vuillard 30 lgts
57 1 à 7, allée de la Côte-d'Or 40 lgts
58 1 à 7, rue de La Plumerette 40 lgts
59 2 à 8, allée des Guiblets 37 lgts
60 2 à 8, rue des Caillotins 40 lgts
61

9, rue de La Plumerette      

62 lgts
62

112- 114, rue Juliette-Savar          

16 lgts
63   2-4, rue Guynemer   16 lgts
65 1-3,rue Albert-Thomas        16 lgts
66

2 à 6, rue Paul-Codos        

30 lgts
67 11 à 15, rue de La Plumerette       30 lgts
68 1 à 11, rue Paul-Codos       60 lgts
84

8 et 20, allée du Commerce         

28 lgts
85 3, rue Jean-Mermoz 52 lgts
créteil 5-6-7      
01   

10, rue Pierre-Lescot         

73 lgts
02

8, rue Pierre-Lescot

74 lgts
03 

7, rue Claude-Perrault       

74 lgts
04 

9, rue Claude-Perrault       

74 lgts
05

2 à 14, rue Robert-Delaunay        

70 lgts
06  

1 à 9, impasse Fernand-Léger    

50 lgts
07

4, rue Aristide-Maillol        

43 lgts
08 

37-39, bd John-Kennedy  

20 lgts
09 

29 à 35, bd John-Kennedy           

64 lgts
10 

2 à 6, rue  J.-A.-Falguière 

30 lgts
11

2-4, impasse François-Rude       

20 lgts
12

19 à 23, rue Emmanuel-Chabrier           

30 lgts
13

46-48, bd John-Kennedy  

20 lgts
14 

2, rue Maurice-Ravel        

43 lgts
15

2, rue Claude-Debussy     

43 lgts
16

2, rue Jules-Massenet       

43 lgts
17 

1, rue Gustave-Charpentier          

43 lgts
20

83 à 89, av. du Dr-Paul-Casalis  

32 lgts
21 

70 à 74, av. du Dr-Paul-Casalis  

31 lgts
22

11, bd John-Kennedy      

31 lgts
23

2 à 6, rue Paul-Cézanne   

30 lgts
24

84 à 90, av. du Dr-Paul-Casalis  

32 lgts
25 

96, rue Juliette-Savar        

43 lgts
26

94, rue Juliette-Savar        

43 lgts
27

92, rue Juliette-Savar        

42 lgts
28 

8, rue Edouard-Manet       

43 lgts
29 

1, rue Georges-Seurat       

43 lgts
30

11, rue du Docteur-Pinel   

43 lgts
31

15, rue du Docteur-Pinel   

43 lgts
Créteil Cochets      
01

2, rue César-Franck

28 lgts
05

2, rue Vincent-d'Indy

30 lgts
06

4, rue Vincent-d'Indy

30 lgts
08

7 à 11, rue Louis-Blériot     

22 lgts
 

Total                          

2 642 lgts

 

Les 110 logements du quartier Chéret

Les immeubles concernés à Chéret

 

bât. adresses nbre logements
11 114 à 118, impasse Chéret 30 lgts
12 104 à 112, impasse Chéret  50 lgts
13  98 à 102, impasse Chéret 30 lgts
total
110 lgts

 

Article de Créteil, Vivre Ensemble, mars 2010, n°300