Le 27 novembre 2021, les boxeurs cristoliens Chloé Nandi (-48 kg) et Jeff Dahie (-80 kg), à l’âge de 28 ans, ont ajouté une victoire aux championnats d’Europe à leur impressionnant palmarès international. À la ville comme sur le ring, les deux pensionnaires de l’USC Savate-Boxe française partagent une belle amitié et une forte complicité.

Interview croisée

Quand et pourquoi avez-vous commencé la boxe française ?Jeff Dahie. J’avais 11 ans quand je suis arrivé à Créteil. J’ai démarré la boxe française à l’âge de 14 ans, directement à l’US Créteil. Je suis venu avec des amis et lors de la première séance, j’ai fait la rencontre de Stéphane Yvon et Philippe de Figueiredo, dit Figo. Avant la boxe, je n’avais fait que deux mois de football, sans être vraiment convaincu.

Chloé Nandi. J’ai commencé la boxe française en 2008, à 15 ans. Avant, j’étais aux P’tits Béliers, puis j’ai pratiqué le tennis pendant 4 ans. Je suis venue à la boxe française en me rendant à la Broc’sport, le forum des associations. Là, j’ai pris des infos concernant le club de savate-boxe française et celui d’athlétisme. J’ai fait des séances d’essai et j’ai tout de suite apprécié l’encadrement et la pédagogie à la boxe.

Comment s’est passée votre arrivée à l’US Créteil ?JD. Je me suis senti à l’aise tout de suite dans le club. En confiance. Le premier cours était difficile, mais j’ai très vite accroché et ma progression a été rapide. Il y avait à la fois une distance et une proximité. On pouvait blaguer avec les entraîneurs, tout en étant sérieux et respectueux. J’ai fait une grande partie de ma scolarité sur Créteil. J’ai été au collège Pasteur, puis au lycée Édouard Branly et obtenu un master en Staps à l’université Paris XII de Créteil.

CN. Sur place, j’ai tout de suite ressenti une bonne ambiance. C’était frappant. L’ensemble des entraîneurs de l’USC SBF, dont Philippe De Figueiredo et Stéphane Yvon, m’ont rapidement coaché, avec un discours d’ouverture et très pédagogique. Et le fait d’être en minorité comme femme n’a été nullement un problème.

Remporter une couronne européenne, qu’est-ce que l’on ressent ?JD. Le 27 novembre 2021, à Loverval, en Belgique, je décroche mon premier titre européen en présence de ma copine, ma mère et mes soeurs. C’était beaucoup d’émotions. J’ai fait énormément de sacrifices, qui ont été décuplés avec la crise sanitaire. Après mon titre de champion de France, il fallait enchaîner et être présent le jour J. Les deux championnats se sont suivis en moins de deux mois, contre six habituellement. En plus, être champion d’Europe en même temps que Chloé Nandi, ma partenaire de club, c’est juste énorme. Nous sommes très proches. Il y a une émulation mutuelle. On a commencé quasiment ensemble.

CN. J’ai gagné deux titres européens en combat auparavant, en 2016, à La Motte-Servolex, et en 2018, au Cirque d’hiver, à Paris. Mais c’est mon premier titre européen en assaut. Avec le Covid, nous avons été dans le brouillard un petit moment. Tout a été concentré en quelques mois. Avec ma sélection en équipe de France combat, j’étais directement qualifiée pour participer au championnat du monde combat. J’ai eu la possibilité de concourir avec l’équipe de France assaut au championnat d’Europe en Belgique. C’est une victoire d’équipes, un plaisir que j’ai partagé avec Jeff Dahie et les autres boxeurs français victorieux sur place.

Quel est votre plus beau souvenir ?JD. Mon plus beau souvenir, c’est ma victoire au championnat d’Europe cette année. C’est une nouvelle ligne à mon palmarès, un succès devant ma famille, mes proches, mes coachs que je connais depuis 14 ans et Chloé. L’alignement des planètes était réuni.

CN. Je n’en ai pas de particulier. Après la victoire, c’est un soulagement, c’est le sentiment d’avoir fait le job et du devoir accompli. C’est une satisfaction pour mes coachs. C’est une fierté d’atteindre ce niveau. Malgré les années qui passent, je ne régresse pas. Il faut rester au top et vigilante, car il y a des nouvelles boxeuses qui arrivent ! Le travail paye. Quand je remporte un titre devant mes proches, c’est un plus, mais je suis surtout fière de gagner devant mes entraîneurs. Ils me connaissent par cœur, m’encouragent, me motivent. Un entraîneur est présent pratiquement 24h sur 24. Sur le ring, dans la vie, aux entraînements. Mes entraîneurs sont mes plus grands partenaires d’entraînements.

Quels sont vos prochains objectifs ?JD. Je vais participer au championnat de France assaut en avril à Paris, avec en point de mire les championnats du monde.

CN. Dans le courant du premier trimestre 2022, je vais disputer ma finale du championnat du monde combat, face à l’Ukrainienne Karyna Tatianchenko, ainsi que le championnat de France combat.

Avez-vous déjà pensé à l’après boxe ?JD. J’y ai plus que pensé. En parallèle de la boxe, je suis professeur d’EPS dans le 15^e arrondissement, coach sportif personnel, mais aussi pour les jeunes de l’USC SBF. Créteil, c’est ma ville. J’y ai toutes mes attaches. J’aime être entraîneur au club. Créteil m’a tendu la main. Je serai toujours reconnaissant.

CN. Pour l’instant je ne l’envisage pas. Je suis encore très motivée quand je monte sur un ring. En parallèle de la boxe, j’ai fait des études et obtenu une licence en psychologie et un master en science de l’éducation. Aujourd’hui, je travaille comme coordinatrice de projet pour une association régionale. J’entraîne également à l’USC SBF. Je me sens bien à Créteil. C’est une ville que je connais bien. J’y suis née, j’y ai fait une partie de ma scolarité.

Palmarès de Chloé Nandi

« Je suis venue à la boxe grâce à la Broc’sport » Chloé Nandi

• 7 titres de championne de France combat
• 1 titre de championne de France assaut 2021
• Championne d’Europe combat 2016 et 2018
• Championne d’Europe assaut 2021
• Triple championne du monde 2015, 2017 et 2019

Palmarès de Jeff Dahie

« Créteil, c’est ma ville. » Jeff Dahie

• 13 titres de champion de France
• Champion d’Europe assaut 2021
• Triple champion du monde 2012, 2013 et 2018

Article de Créteil, Vivre Ensemble, janvier 2022, n°418