Spécialiste en chauffage et climatisation, Costa a démarré sa saga il y a un siècle, à l’époque où les compagnons transportaient leur matériel en “voitures à bras”. Aujourd’hui, la société cristolienne peut se flatter de décrocher de prestigieux marchés. Zoom sur une entreprise de haute technologie qui ne cesse d’innover.
108 ans : c’est l’âge de l’entreprise Costa, créée en 1904 par le grand-père d’Alain et Ève du même nom, actuels PDG et gérante de la société. Historiquement basée à Paris – au cœur du faubourg Saint-Antoine, dans le 12e arrondissement – la société est brutalement expropriée dans les années 1970, la Ville de Paris ne souhaitant plus d’industrie dans la capitale.
Elle déménage alors à Créteil. “Nous voulions maintenir l’emploi de tout notre personnel qui demeurait dans l’Est parisien, relate Alain Costa. Notre choix s’est donc naturellement porté sur la zone industrielle des Bouvets*, alors en construction à Créteil.”
Première entreprise à s’y implanter, Costa dispose déjà d’un savoir-faire remarquable. “À l’époque de mon grand-père, nous étions spécialisés dans l’entretien de nombreux immeubles pour le ramonage, la réfection des conduits et souches de cheminées.”
À partir des années 1960, Costa se fixe trois axes d’intervention : le génie climatique de très haut niveau, d’abord, qui rassemble les activités de climatisation, ventilation, chauffage et plomberie. Deuxièmement, le traitement de surfaces en peinture, principalement pour les constructeurs automobiles (Renault, PSA Citroën…). Elle intervient alors comme “ensemblier”, pour des réalisations clés en main.
Exemples parmi tant d’autres, les réalisations de cabines de peinture ou encore de “tunnellisations”, assurant des espaces totalement dépourvus de poussière. Troisième axe d’intervention : l’aspiration-dépoussiérage, pour l’extraction des gaz d’échappement et des fumées. Actuellement, Costa développe aussi une autre activité : “l’incinérateur-récupérateur de chaleur”, qui permet, dans les immenses bâtiments où elle intervient, un meilleur contrôle des consommations d’énergie.
CEA, Régie Renault, Centre Pompidou…
Réparti sur deux étages**, le bâtiment Costa accueille un musée au rez-de-chaussée, une salle d’exposition, façon caverne d’Ali Baba, où l’on découvre les matériels d’antan comme cette voiture à bras et les inventions de l’entreprise, telle cette ancienne machine à découper la tôle. Des inventions qui n’ont cessé de se poursuivre comme en témoignent les brevets détenus par Costa.
“Nous avons inventé le canapé convertible pour les meubles Steiner, le camion aspirateur de gravillons, les tunnels hors poussière pour l’industrie automobile, les cabines de contrôles et brumisateurs.
” Et ce n’est là qu’un dixième de ses fabrications : l’entreprise a notamment imaginé un poêle à sciures et copeaux, des appareils de chauffage pour locaux industriels ou encore des dispositifs pour la projection d’un jet d’air orientable.
Ce qui lui a valu d’être primée à plusieurs reprises, comme en 2003, avec ce prix Lépine (médaille de vermeil) pour un pare-douche, un lit médicalisé et une jet trappe (un système de sécurité et de défense).
“La force de notre entreprise réside dans notre capacité à évoluer en fonction de la demande et à faire du sur-mesure pour de grandes sociétés.” C’est cette capacité à innover et à être très réactive qui a poussé l’entreprise au plus haut niveau. Costa a réussi à décrocher d’importants marchés pour de grands établissements. Elle a ainsi fourni des installations au CEA (Commissariat à l’énergie atomique), à la Régie Renault ou encore au Centre Pompidou.
Dans le cadre du génie climatique, elle a réalisé de multiples lots de chauffage, climatisation, désenfumage et ventilation pour des immeubles de bureaux neufs d’une superficie de 4000 m² à 17 000 m². Elle a aussi obtenu le lot désenfumage et climatisation pour la Fondation Louis Vuitton. Fauchon, les parkings Vinci, Optic 2000, l’ambassade de Russie font partie de ses clients. “Le Castel, le Show Case, Brasil Tropical, Le Queen, Les Planches : nous assurons la climatisation et l’entretien de nombreuses boîtes de nuit !”
** Le premier étage est dédié aux bureaux d’étude avec des ingénieurs de très haut niveau. L’atelier de fabrication complète les lieux.
Les “ressources humaines” au cœur de l’entreprise
L’entreprise a également su s’exporter à l’étranger : pour Renault, elle réalise des cabines de peinture à Tanger, à Kaluga en Russie, ainsi qu’au Venezuela et en Argentine. Costa a d’ailleurs repoussé ses murs plus d’une fois. Elle a ainsi créé une filiale à Gien (Costa Services industriels) et s’est implantée en Espagne avec “Costa System”.
Même si elle sous-traite, la société a gardé l’ensemble de ses salariés, à savoir une bonne quarantaine de personnes. Entreprise à taille humaine, Costa a une éthique sociale.
“La politique de ressources humaines est capitale pour nous. Nous savons que les employés sont la pierre angulaire de notre entreprise. Sans eux, nous ne sommes plus grand-chose !” Ainsi, Costa veille au bien-être de ses salariés. Elle accueille régulièrement des stagiaires, l’idée de transmission faisant partie intégrante de son patrimoine ADN…
Chose rare pour une entreprise d’importance, qui plus est, centenaire, Costa n’a jamais fusionné. Malgré la crise qui l’a frappée de plein fouet en 2008, elle n’a pas non plus disparu, ni été absorbée. “Cette crise, on s’en est remis, même si cela a été dur pendant un certain temps.” Il n’empêche : personne n’a été licencié et le chiffre d’affaires tournerait en moyenne autour de 28 millions d’euros par an. Une belle réussite donc. Et surtout, une pépite à valoriser sur Créteil, à une époque où la compétitivité à tous crins entraîne les dérives que l’on connaît.
Article de Créteil, Vivre Ensemble, avril 2012 n°321
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